Ils sont chargés d’écouter les doléances des militants antigaz de schiste, Des députés enfin à In-Salah

Ils sont chargés d’écouter les doléances des militants antigaz de schiste, Des députés enfin à In-Salah

Il a fallu attendre le 35e jour de la manifestation antigaz de schiste pour voir, enfin, une commission parlementaire se constituer et se déplacer, hier, à In-Salah. Cette commission est menée par le vice-président de l’Assemblée nationale, Djamel Bouras. La délégation est constituée d’une trentaine de députés des partis au pouvoir, (FLN, RND et TAJ), soit ces mêmes députés qui ont voté “aveuglement” – pour reprendre le terme utilisé par les militants antigaz de schiste – la loi de 2013 sur les hydrocarbures dont la disposition portant exploitation de cette énergie non conventionnelle très controversée.

Pour réussir son coup de pub, cette délégation s’est fait accompagner par des médias publics et parapublics dont l’ENTV qui a, jusque-là, tout bonnement zappé de ses JT l’événement d’In-Salah, ou encore la chaîne de télévision El-Adjwa dont le patron n’est autre que le cadre du RND, Miloud Chorfi. Bref, l’objectif, explique M. Bouras, est d’écouter et de recueillir les revendications citoyennes afin de les transmettre au président de l’APN qui les fera parvenir au chef de l’État. Ces députés ne sont-ils pas encore réellement informés sur cette situation qui prévaut à In-Salah depuis le 1er janvier dernier ?  Évidemment non. Le président de la délégation, en l’occurrence M. Bouras lui-même, reconnaît que les parlementaires arrivent “en retard”. Si les représentants du collectif de citoyens ont accepté de les rencontrer, soulignent-ils, c’est beaucoup plus “par respect et reconnaissance” à l’un des rares représentants du peuple de la région, en l’occurrence le député Mohamed Baba Ali. Ainsi, ils étaient au moins une quinzaine, parmi les membres du “groupe des 22”, à accepter de rencontrer, hier, à l’hôtel Tidikelt,   le chef de la délégation (M. Bouras). “SVP, nous ne voulons pas ces mêmes députés qui ont voté aveuglement la loi sur les hydrocarbures qui nous pénalisent aujourd’hui. O.K., nous allons rentrer pour discuter uniquement avec le chef de la délégation”, ont-ils d’emblée exigé.

Une fois autour de la table, les membres du collectif ont argumenté, tour à tour, la raison pour laquelle la population s’oppose au projet expérimental d’exploitation du gaz de schiste dans la région.

Étant pour la plupart d’entre eux spécialisés dans le domaine des hydrocarbures, les intervenants ont axé leurs discours sur les dangers sur l’environnement et la santé que représente un tel projet expérimental dans ce domaine très controversé. “Nous ne sommes pas contre le gaz de schiste, mais nous avons légitimement peur des répercussions néfastes que ce projet expérimental dont les techniques et la technologie utilisées pour l’extraction de ce gaz de schiste restent encore scientifiquement non validées”, a insisté, entre autres, Abdelkader Bouhafs, un des leaders de ce mouvement antigaz de schiste. Même son de cloche chez le reste des intervenants pour qui seuls l’arrêt et la fermeture des puits déjà forés peuvent convaincre les militants à mettre fin à leur mouvement. Le chef de la délégation parlementaire s’est, pour sa part, montré réceptif et sensible aux doléances des représentants du collectif de citoyens antigaz de schiste, qu’il promet de transmettre au président de l’APN qui, à son tour, les fera parvenir au président Abdelaziz Bouteflika.

En attendant, le mouvement citoyen pacifique se poursuit toujours, non sans menacer d’aller vers l’escalade.

Pour faire davantage de pression sur les pouvoirs publics, les manifestants n’ont pas hésité à se rendre par dizaines, hier et avant-hier, au chantier du projet-pilote de gaz de schiste, lancé à Gor Mahmou, à moins de 30 kilomètres de la ville d’In-Salah.

Et ce, outre les manifestants qui empêchent, depuis quelques jours, tous les camions des entreprises engagées d’atteindre ce chantier.

F. A.