Les jeunes filles constituent la cible privilégiée des gens malveillants qui tentent de détruire leur vie à travers des appels anonymes incessants.
L’avènement de la téléphonie mobile en Algérie a, certes, permis d’instaurer des améliorations palpables en matière de communication. Le contact est devenu plus facile et à la portée de chacun et à tout instant. D’ailleurs, sur le plan financier les Algériens ne lésinent pas sur les moyens pour recharger leur téléphone. Mais cette évolution en matière de télécommunication a eu également des répercussions négatives, regrettables, voire désastreuses sur le plan des relations sociales et familiales notamment.
L’option des appels anonymes introduite par les opérateurs (Nedjma, Djezzy et Mobilis) est le principal facteur des dégâts enregistrés quasi quotidiennement. Une technique pour laquelle opte une certaine catégorie de citoyens malveillants dans l’objectif de porter préjudice à l’intimité d’autres personnes et parviennent malheureusement jusqu’à détruire des familles. L’appel anonyme est devenu «une arme fatale entre les mains des personnes sadiques», pour reprendre l’expression d’une jeune fille victime de cette pratique.
Son témoignage est on ne peut plus poignant. Cette étudiante à la faculté des langues étrangères à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a failli abandonner ses études, n’était l’intervention de certains membres de sa famille. «Mon histoire remonte à janvier dernier. Un commerçant est venu demander ma main et j’ai refusé car je donne la priorité à mes études et à mon avenir. Comme il n’a pas digéré mon refus, il a commencé à exercer un harcèlement moral sur moi. Tantôt, il disait à mes frères que je sortais avec des militaires, tantôt il envoyait des jeunes pour m’agresser… Et comme ces démarches n’ont pas abouti, il a opté pour les appels anonymes. Je ne sais pas comment il a obtenu mon numéro ! A tout moment, je reçois un appel, mon téléphone ne cesse de sonner jusqu’à ce que mes frères aient fini par douter de ma moralité. J’ai subi une pression énorme…», soupire Linda, les larmes aux yeux. Elle ne reprend son témoignage qu’au bout de quelques minutes. «Mon grand frère ne voulait rien comprendre. Il m’a ordonné de ne plus remettre les pieds à la fac. Il m’a insultée, frappée et injuriée. J’ai alors appelé mon oncle maternel, médecin à Alger, qui a convaincu ma famille de ma bonne moralité. Il a déposé plainte au commissariat et l’enquête a fini par dévoiler l’auteur des appels anonymes. J’ai alors décidé de changer la puce et ne donner mon numéro qu’aux membres de ma famille. j’ai vécu un cauchemar et je ne veux plus revivre la même situation.» Des histoires semblables à celle de Linda ne manquent pas…
M.F