“La plupart des produits non conformes commercialisés sur le marché proviennent de l’importation”, selon le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes.
Environ 527 000 infractions, liées aux pratiques commerciales et à la qualité, ont été enregistrées ces trois dernières années. Ces infractions ont donné lieu à la fermeture de plus de 31 000 commerces. C’est ce qu’a révélé, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III, Abdelhamid Boukahnoun, directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce. Ces chiffres illustrent l’ampleur des pratiques commerciales illicites.
M. Boukahnoun a indiqué que 2,8 millions d’interventions avaient été effectuées durant les trois dernières années et concernaient tout le commerce. “Notre intervention est principalement orientée à la source, aux importateurs et aux producteurs, et à un degré moindre aux grossistes et détaillants. Nous avons tracé des objectifs pour le contrôle des pratiques commerciales. Le premier objectif est l’assainissement du commerce extérieur, connaître tous les importateurs, leurs activités”, a expliqué M. Boukahnoun, indiquant que le nombre d’importateurs inscrits au registre du commerce est estimé à 35 000. “Nous avons inscrit, à ce jour, plus de 15 000 importateurs au fichier national des fraudeurs, détenu par la direction générale des impôts. 12 000 de ces importateurs ont été inscrits sur le fichier national des fraudeurs pour non-dépôt de comptes sociaux. Plus de 3 000 ont été inscrits pour d’autres infractions liées aux pratiques commerciales illicites : c’est-à-dire exercice d’activités commerciales en dehors de locaux commerciaux portés sur le registre du commerce, défaut de facturation et surtout des pratiques qui portent atteinte à l’économie nationale, des pratiques commerciales reconnues dangereuses”, a révélé le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce. Pour lui, l’importance de leur activité et des produits importés fait des importateurs les plus grands fraudeurs en Algérie. “On a constaté sur le terrain que la plupart des produits non conformes commercialisés sur le marché proviennent de l’importation”, a-t-il souligné, précisant que “le contrôle est une lutte continue, quotidienne”. “On est présent sur le territoire national. Le nombre actuel de nos agents dépasse 7 000 agents. Nous voulons porter ce nombre à la fin du quinquennat à 11 000 agents, pour contrôler 1,5 million de commerçants. Ce n’est pas une tâche facile. Malgré cela, on essaye de cibler et de planifier nos interventions, pour qu’elles soient orientées vers la source”, a-t-il ajouté. Le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce a estimé que les 155 milliards de défaut de facturation ou de chiffre d’affaires dissimulé représentaient environ 20%. “Il n’y a pas d’études fiables à 100% pour orienter ou nous donner des chiffres précis. En fonction de nos estimations, on peut dire que le défaut de facturation atteint 1 000 milliards de dinars. Mais ce sont des estimations que nous ne pouvons pas confirmer, car les transactions commerciales opaques ont connu une grande ampleur”, a-t-il estimé. “Il n’est pas toujours facile d’intervenir. Le terrain est hostile”, souligne M. Boukahnoun, évoquant la fuite et l’opposition au contrôle. “On est en train de développer des méthodes nouvelles d’intervention. C’est surtout de travailler sur la base de documents. Nous avons des informations sur les importations. On est en train de constituer notre propre fichier de contrôle pour mieux intervenir et cibler la fraude”, a-t-il annoncé, estimant que si la source est maîtrisée, il sera plus facile de contrôler le grossiste. Du coup, il faut d’abord obliger les importateurs et les producteurs à vendre avec facture. Les services de contrôle s’intéressent, surtout, aux activités commerciales informelles, en d’autres termes au défaut de facturation, à la location du registre du commerce et à l’utilisation de prête-noms dans les transactions commerciales. M. Boukahnoun affirme que ses services ont constaté plus de 8 211 infractions liées au défaut de registre du commerce. Concernant la corruption, tout en reconnaissant son existence, M. Boukahnoun affirme qu’au niveau de ses agents, ce n’est pas un phénomène “très grave”. “Une dizaine de cas ont été enregistrés”, a-t-il admis
M. R