Ils seront auditionnés par Bouteflika pendant le Ramadhan,Les ministres préparent leurs rapports

Ils seront auditionnés par Bouteflika pendant le Ramadhan,Les ministres préparent leurs rapports

L’oral pour bientôt

Les ministres n’échapperont pas, en principe, à la traditionnelle séance d’audition qui a lieu pendant le mois de Ramadhan; certains d’entre eux sont sur le gril depuis de longs mois.

Le président de la République s’était inquiété de la dégradation du front social lors des conseils des ministres qui se sont tenus au mois de mai et particulièrement à l’occasion du discours qu’il avait prononcé le 15 avril dernier lorsqu’il avait annoncé son projet de réformes pour assurer plus de démocratie et de justice sociale. «Notre peuple est jeune et ambitieux, d’où la nécessité de satisfaire, jour après jour, aux multiples revendications dans tous les domaines et nous sommes aujourd’hui, plus que jamais, interpellés pour opérer des réformes socio-économiques et politiques», avait souligné ce jour-là le chef de l’Etat qui a ajouté: «Sur cette base, nous avons engagé des actions pour satisfaire les revendications sociales légitimes de nos citoyens. Un nouveau mécanisme a été mis en place pour stabiliser les prix des produits alimentaires de base qui connaissent une flambée sur les marchés internationaux.» Qu’en est-il aujourd’hui? La tension ne semble pas vouloir baisser, ne serait-ce que d’un cran. Malgré l’annonce de la mise en oeuvre d’un mécanisme pour juguler la hausse des prix des produits de consommation, la flambée poursuit son petit bonhomme de chemin. Dès qu’un incendie s’éteint, il renaît ailleurs comme si l’on avait affaire à des pyromanes. Et sur ce plan, il est à craindre que cela n’empire dans moins de trente jours avec le début du Ramadhan.

Un mois durant lequel les spéculateurs de tout poil sortent comme des bêtes affamées de leur tanière pour saigner leurs concitoyens.

Le Premier ministre à être en ligne de mire est bien celui du Commerce qui s’était déjà illustré lors de la crise du mois de janvier. Pour un retour à la normale, il avait demandé de surseoir à la loi qui interdit de traiter avec les commerçants de gros ne possédant pas de vrais registres du commerce. Il a été convenu d’oeuvrer en faveur d’un règlement de la crise. Les opérateurs ont accepté d’annuler les nouvelles conditions imposées en début d’année aux marchands de gros, indiquait un communiqué du ministre répercuté par une dépêche de l’APS datée du 6 janvier.

Ironie de l’histoire! C’est à ces mêmes grossistes qui ont jeté de l’huile sur le feu et à qui il a jeté la pierre, qu’il a offert un cadeau sur un plateau en argent. En ce qui concerne le secteur de l’habitat, avec l’annonce de la livraison de 1 million de logements et de 3 autres millions qui sont mis en chantier, on pensait que les Algériens étaient définitivement à l’abri. Les émeutes qui ont éclaté un peu partout à travers le territoire national indiquent que le secteur de Noureddine Moussa n’est pas sorti de l’auberge. Après avoir eu maille à partir avec le personnel paramédical, les généralistes, Djamel Ould Abbès fait face à une contestation sans précédent de la part des médecins résidents.

Amar Tou n’arrive pas à faire démarrer les trains en gare…Les étudiants mettent à mal le système LMD et Harraoubia n’a pas de solution de rechange…Ould Kablia n’en a pas encore terminé avec certains corps rattachés à son ministère (gardes communaux…), la liberté du culte et les protestations de citoyens. Les uns pour leur sécurité et d’autres qui, pour faire aboutir leurs revendications, ont recours à des barricades, quand ils ne s’attaquent pas aux édifices publics…. Tous les secteurs ont été pratiquement touchés par de sévères mouvements de grève qui ont perturbé le quotidien des Algériens, tout en révélant de lourdes failles dans la gestion et la prise en charge de la majorité des départements ministériels.

La rue conteste et lorsque elle se heurte au silence des responsables ou des services concernés, les mouvements de protestation tournent parfois à l’émeute. Le quotidien des Algériens est rythmé depuis de nombreuses années par des flambées des prix des produits de consommation de première nécessité (huile, semoule, légumes secs, sucre…), mais aussi par celle des fruits et légumes et des viandes (rouges et blanches et du poisson).

Ce n’est donc une surprise pour personne que de dire que la crise multiple que traverse l’Algérie s’articule autour de trois principaux axes au moins: l’augmentation des salaires, le logement, la flambée des prix. Au mois de janvier, des émeutes provoquées par les hausses des prix de l’huile et du sucre ont fait, selon certains chiffres, au moins deux morts et plus de quatre cents blessés. Une fois la tension retombée, la contestation pacifique s’est étendue pratiquement à tous les corps de métiers. Médecins, enseignants, douaniers, cheminots, boulangers, gardes et travailleurs communaux, avocats…La plupart d’entre eux ont battu le pavé. Ceux qui ont marché pour porter leurs doléances au coeur même de leur tutelle, ont vu leur mouvement stoppé net par des cordons de police. Les mouvements de contestation ont été contenus de manière musclée laissant apparaître un malaise social mais aussi une plus grande démocratisation de la vie politique. Les ministres n’échapperont pas, en principe, à la traditionnelle séance d’audition qui a lieu pendant le mois du Ramadhan; certains d’entre eux sont sur le gril depuis de longs mois. Une épreuve nécessaire qui doit donner le ton des réformes annoncées par le président de la République.