Ils s’attaquent de nouveau à Benghebrit: Que cherchent les ouléma?

Ils s’attaquent de nouveau à Benghebrit: Que cherchent les ouléma?

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Pourquoi cette association religieuse a choisi précisément ce «timing» pour lancer cette nouvelle charge? Autant d’interrogations que laisse planer cette nouvelle sortie aux vieux arguments…

Les ouléma lancent une deuxième «charge» contre Nouria Benghebrit! Plus d’une année après sa polémique des plus stériles sur la «Basmala», cette association religieuse revient à la charge! Son président, Abderrazak Guessoum, a estimé que la ministre de l’Éducation nationale était en train d’agresser…l’identité nationale! «L’agression contre l’identité nationale s’est accentuée», a-t-il lancé lors d’une interview diffusée, vendredi dernier, sur la chaîne de télévision privée Echourouk News.

Le président de l’Association des ouléma musulmans argumente ses dires du fait que la ministre ait fait appel à des experts français pour élaborer la réforme de l’école qu’elle s’attelle à mener à bon port depuis son arrivée! Un terrible raccourci accompagné d’un «Fake news» qui montre la mauvaise fois du président d’une association en perte d’influence. Abderrazak Guessoum se demande: «Pourquoi a-t-elle fait appel aux seuls Français et ignoré les autres nationalités? À moins qu’elle ne connaisse que les Français!» Or, ce vieux disque est rayé puisqu’il a été démontré que le département de Benghebrit a effectivement fait appel à des experts français. Mais pas que! Des experts de différentes nationalités ont débarqué à Alger, ces dernières années pour apporter leur expertise à l’opération commando de sauvetage de ce qui reste de l’école algérienne.

On citera des Tunisiens, des Sénégalais, des Britanniques, des Coréens… Ils ont tous comme point commun leurs expertises et leurs publications dans la réforme de l’école. Mais leur apport s’est limité à l’aspect technique, ne touchant en aucun cas l’«algérianité» de notre école. Avons-nous assisté à une glorification de la France ou à l’instauration d’us et coutumes autres que les nôtres dans les nouveaux programmes? On l’aurait su, les détracteurs de la ministre ne se seraient pas fait prier pour le crier sur tous les toits, et elle aurait été logiquement limogée par le chef de l’État Abdelaziz Bouteflika. Or, nous n’avons assisté à rien de tout cela! Ce qui confirme encore une fois que le plaidoyer des «ouléma» n’est pas du tout… savant! Il ne tient pas la route, comme cela était d’ailleurs le cas avec les précédentes torpilles. On est alors en droit de se demander que veulent-ils? Surtout qu’ils étaient revenus à de meilleurs sentiments après s’être assis autour d’une table avec Nouria Benghebrit qui avait réussi à les convaincre du bien-fondé de son combat. Pourquoi avoir changé d’avis quelques mois après? Et surtout pourquoi précisément ce «timing» des plus sensibles? On nage en pleine polémique sur l’instrumentalisation de l’école, avec notamment le boycott de l’enseignement de tamazghit dans certaines qui a eu comme réaction le boycott de l’enseignement de l’arabe dans d’autres. La veille de la diffusion de cette interview, Benghebrit a mis le holà en dénonçant une nouvelle instrumentalisation de l’école et en mettant fin à la polémique en réaffirmant que cette langue nationale et officielle était dans l’école une «langue à part entière».

Les ouléma jouent-ils aux pyromanes? Ou bien plus grave encore, en pleines vacances d’automne, veulent-ils torpiller le bon déroulement de l’année scolaire qui s’annonce pour une fois calme et sereine? Autant d’interrogations que laisse planer cette nouvelle sortie aux vieux arguments dans un contexte qui ne s’y prête absolument pas! Surtout que celui qui appelle au limogeage de la ministre de l’Éducation nationale a tenu à assurer qu’il n’avait aucun problème avec cette femme. C’est quoi alors? «Ses réformes», a sèchement répondu ce partisan de la stagnation du secteur…

Le même jour, à quelques heures d’intervalle, l’imam chargé du prêche du vendredi s’est fendu d’un discours haineux en direction des Algériens qui ne «portent pas la langue arabe dans le coeur».

Oublieux du fait que plus personne ne parle l’arabe classique en Algérie, l’imam, dont le prêche a été diffusé sur toutes les chaînes de télévision et radios publiques, a osé excommunier les Algériens qui ne parlent pas un arabe châtié, celui du Coran. Il doit pourtant savoir qu’aucun être humain sur la planète ne pratique couramment l’arabe du Coran. Tout un prêche pour ne rien dire!