Ils reviennent en masse au pays, Ces émigrés qui passent le Ramadhan au bled

Ils reviennent en masse au pays, Ces émigrés qui passent le Ramadhan au bled

Nos compatriotes vivant à l’étranger sont de plus en plus nombreux à opter pour un Ramadhan passé au Bled.

En famille ou seuls, ils expriment ainsi un profond attachement à ce mois sacré. Certains recherchent la piété, d’autres sont en quête de passer des jours de convivialité en famille, ou plus simplement pour passer quelques jours de vacances d’été pour d’autres. A Constantine, il est difficile de préciser leur nombre, mais ce qui est certain, c’est que nos émigrés sont nombreux.

Moncef, parti il y a deux ans en Australie, raconte ses jours de Ramadhan passés avec sa maman et ses proches. Depuis son départ à l’autre bout du monde, c’est la première fois qu’il revient à Constantine. « J’ai passé les deux derniers Ramadhans à Brisbane en Australie, loin de ma famille et de mon pays.

Ce fut bien évidemment dur à supporter, car je travaillais toute la journée, parfois même à l’heure de la rupture du jeûne, mais ce qui est insupportable, c’est qu’il n’y a aucun charme. Les seules fois où j’ai eu l’impression de faire carême, c’était durant les week-ends, lorsque je partageais les repas avec des amis musulmans. » Travaillant dans un restaurant thaïlandais tenu par un Algérien, Moncef a décidé de passer tout le mois de Ramadhan et l’Aïd en famille.

Depuis son retour, il ne regrette qu’une seule chose : l’animation des soirées à Constantine : « C’est dommage qu’on ne puisse pas profiter des soirées comme c’est le cas des autres villes du pays. Il n’y a rien à part les cafés et les parties de dominos ou de cartes, ce n’est qu’après avoir vécu quelque temps à l’étranger que je me suis rendu compte que les jeunes de chez nous s’ennuient vraiment », affirme-t-il. Mourad vit depuis 15 ans en Angleterre, et lui aussi rentre en Algérie pour la première fois après son départ en Europe.

Ayant régularisé sa situation depuis peu, il a promis à sa famille de venir plus souvent à Constantine, surtout en de telles circonstances. « Lorsque je suis parti en Angleterre à la fin des années 1990, nous jeûnions l’hiver, et à présent je comprends pourquoi mes amis et ma famille me disent que ces dernières années, le Ramadhan est dur à supporter. J’avoue que je souffre de la chaleur depuis que je suis venu, mais je reste toute la journée à la maison.

Ce qui a changé par rapport à mon époque, c’est qu’il y a plus de sécurité, les gens veillent toute la nuit tandis qu’il y a à peine quelques années, tout le monde rentrait avant minuit. » Quant à la question de savoir quelle est la différence entre ses Ramadhans passés en Angleterre et celui de cette année qu’il partage avec sa famille au bled, il répond : « Ce qui est plaisant chez nous, c’est que le Ramadhan, on le sent vraiment, que ce soit dehors dans les rues, ou à la maison. A Londres, c’est vrai que la communauté musulmane et algérienne est très organisée et est solidaire.

On est tout le temps invité chez des amis, on trouve pratiquement tous les produits algériens, même les confiseries comme la Zlabia ou Kalb el louz, mais les saveurs ne sont pas les mêmes. » Mourad tenu par le boulot, a prévu de regagner Londres la dernière semaine de ce mois de carême non sans regrets. Il nous confie : « Ce qui est beau dans ce pays durant ce mois sacré, c’est la solidarité et la fraternité que j’ai vues entre les gens, cela m’a vraiment remonté le moral et me laisse confiant à l’avenir du pays. Je réfléchis déjà à retourner en Algérie », conclut-il.

K. B.