Ils représentent le plus fort taux de chômage à Montréal,Comment recruter les Maghrébins

Ils représentent le plus fort taux de chômage à Montréal,Comment recruter les Maghrébins

Les Maghrébins établis au Canada constituent, numériquement, une communauté importante. Mais, ils sont frappés de plein fouet par le chômage. À Montréal, la palme revient aux Maghrébins en termes de chômage.

C’est dans le but d’apporter des solutions à cette situation qui empêche l’intégration par l’emploi que des leaders de notre communauté ont organisé, samedi à HEC de Montréal, une rencontre avec des représentants de la ville de Montréal et de la société publique Hydro-Québec, deux gros employeurs avec quelque 50 000 employés. Initiée par Belkacem Rahmani, chargé de cours à HEC de Montréal et très actif dans le mouvement associatif, la rencontre a permis aux participants de cerner les problèmes que rencontrent les nouveaux arrivants dans leurs démarches de recherche d’emploi, notamment dans la grande région métropolitaine. Intervenant en premier, Stéphane Patry, conseiller principal à la ville de Montréal, a présenté la politique suivie par son administration en matière d’égalité des chances dans l’accès à l’emploi.

Les administrations et les entreprises publiques et parapubliques étant soumises à la loi sur l’accès à l’égalité en emploi, la ville de Montréal se devait donc de réserver dans sa politique de recrutements un pourcentage à puiser dans les cinq catégories ciblées par la loi : les minorités ethniques, les minorités visibles, les femmes, les handicapés et les autochtones. À titre indicatif, en 2010, plus de la moitié des nouveaux employés (54,6%) à la ville de Montréal appartenaient à des groupes visés par la loi en question, selon un bilan présenté par le conférencier. Même si M. Patry s’est enorgueilli des efforts de la ville de Montréal pour refléter la diversité de la population active parmi ses effectifs, en offrant des chances égales à tous, ce n’est pas du tout l’avis que partagent les intervenants parmi nos compatriotes. Ces derniers ont soulevé les difficultés d’insertion des immigrants issus de la communauté maghrébine. La représentante de l’Espace féminin arabe a remué le couteau dans la plaie en rappelant ses propres péripéties dans sa recherche d’emploi. Une recherche qui n’a pas abouti, bien entendu. Une autre intervenante, ingénieur de son état, a dû se réorienter, en suivant une formation concernant la petite enfance. Depuis 2003 qu’elle postule à la ville de Montréal, elle n’a jamais été convoquée à une entrevue de sélection. D’autres expériences ont été présentées au cours de la rencontre. Hydro-Québec, producteur et distributeur d’électricité, a pratiquement suivi la même politique que l’administration de la ville. Pourtant les Maghrébins ne se font pas recruter par fournées. Le Réseau des services spécialisés de main-d’œuvre (RSSMO) a présenté une étude sur l’intégration en emploi des personnes immigrantes. L’étude s’est intéressée aux services offerts aux immigrants dans les organismes communautaires, avant d’établir des constats qui ont servi de base pour suggérer des pistes de solutions sous forme de recommandations. L’une des recommandations reste le réseautage. Au Québec, le réseautage professionnel constitue l’antichambre d’un emploi. D’autres participants ont mis l’accent sur la nécessité d’une politique volontariste auprès des communautés sous-représentées à l’emploi. L’institution d’un guichet unique peut constituer un début de solution. C’est ce qu’a fait à partir de janvier la ville de Montréal en centralisant le recrutement. Dans sa stratégie d’attraction en matière d’emploi, l’administration de la métropole a arrêté quelque 300 mesures pour faciliter l’égalité des chances dans le travail, assorties d’un programme de parrainage professionnel.

Y. A