Ils quittent l’école avant l’âge légal: 12.000 enseignants en retraite anticipée

Ils quittent l’école avant l’âge légal: 12.000 enseignants en retraite anticipée

Selon les dernières données du ministère de l’Education sur les départs à la retraite anticipée dans le secteur, elle représente plus de 90% des départs à la retraite dans le corps des enseignants.

L’enseignement est-il devenu une profession insupportable et pénible plus que nous l’avions imaginée? La question mérite d’être posée au moins pour une seule raison: le nombre d’enseignants et de cadres du secteur de l’Education nationale qui ont déposé leur dossier de retraite anticipée a atteint un niveau très élevé cette année, contrairement aux années précédentes. Le ministère de l’Education nationale qui a cru avoir résolu la problématique du manque d’enseignants, s’est heurté à une autre réalité du terrain: celle du manque d’encadreurs dans le secteur, et ce, après le départ massif des enseignants et des cadres du secteur à la retraite anticipée.



Selon les dernières données du ministère de l’Education sur les départs à la retraite anticipée dans le secteur, elle représente plus de 90% des départs à la retraite dans le corps des enseignants soit 12.000 enseignants sur les 15 000 qui ont déposé leur demande, et plus de 70% dans les autres corps. Un phénomène récent dans le secteur de l’éducation, qui s’explique selon le ministère de l’Education nationale, par «un calcul individuel relatif à ce qu’on gagne», «en partant à la retraite il gagne tout autant que quand il reste en fonction». Les syndicats de l’éducation, quant à eux, ont une autre explication à ce départ massif du personnel de l’éducation à la retraite anticipée.

Pour l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), ce phénomène est dû «essentiellement aux conditions de travail dans le secteur et la pression exercée sur le personnel, de la part des élèves d’un côté, leurs parents et l’administration de l’autre côté», explique Sadek Dziri, président du syndicat. Pour ce dernier, «certes l’enseignement est un métier noble, mais aussi pénible.

Quand on arrive à un certain âge, on ne peut plus supporter le fardeau. Là, la mission du gouvernement est de faire en sorte que l’école bénéficie de la compétence et de l’expérience de ses cadres à mettre au service des nouvelles recrues».

Pour ce dernier, l’annonce faite par le gouvernement sur la possibilité de l’annulation de la retraite anticipée dans les prochaines années, «a encouragé les cadres du secteur à saisir l’occasion on ajoute à cela le facteur féminin dont l’âge à la retraite anticipée est fixé à 45 ans», a-t-il souligné. Ces cadres du secteur de l’éducation qui ont atteint l’âge de mettre leur compétence au service de la nouvelle génération.

Le secteur se «vide peu à peu de sa crème, c’est regrettable». Ce dernier a estimé que la situation de l’école algérienne, qui souffre d’un manque flagrant en matière d’encadreurs, notamment dans le corps enseignant, se compliquera davantage à l’avenir. «Les élèves se retrouveront une autre fois dans des classes sans enseignants, ou des enseignants non formés, ce qui remettra en question leurs performances et parcours scolaires, qui ne sont pas d’ailleurs performants.», a-t-il regretté.

Le défi à venir pour le ministère de l’Education nationale, est celui de la formation des enseignants et des cadres de son secteur pour la réussite de son programme de refonte du système éducatif, applicable dès la prochaine rentrée scolaire. Une fois que les responsables du secteur arrivent à résoudre une problématique, une autre surgit au-devant de la scène.