Ils protestaient devant le ministère de l’enseignement supérieur,Les étudiants matraqués par la police

Ils protestaient devant le ministère de l’enseignement supérieur,Les étudiants matraqués par la police
ils-protestaient-devant-le-ministere-de-lenseignement-superieurles-etudiants-matraques-par-la-police.jpg

C’est à coups de matraque et de menaces que les forces antiémeutes ont bloqué le passage des étudiants vers le siège du ministère de l’Enseignement supérieur.

Les étudiants des grandes écoles et des universités touchés par les récentes modifications du décret présidentiel 10-315 ne lâchent pas prise. La tension est montée d’un cran dans la matinée d’hier, à quelques encablures du siège du ministère de l’Enseignement supérieur. Le rassemblement pacifique des étudiants s’est transformé en émeutes et a failli dégénérer plus dangereusement, si ce n’était la sagesse des délégués qui intervenaient pour rappeler à leurs camarades le caractère pacifique de leur mouvement. “Nous sommes des étudiants, notre action est pacifique.” Les étudiants s’étaient donné rendez-vous pour un nouveau sit-in devant le ministère ignorant qu’un “comité d’accueil” les attendait.

La veille, leurs camarades des universités de Boumerdès et de Blida, qui avaient passé la nuit à la belle étoile devant le siège de la tutelle, ont été tabassés par les policiers qui étaient venus les chasser. Selon les grévistes, une dizaine d’étudiants ont été blessés, dimanche en début de soirée. “Il y avait un blessé grave parmi nous, nous avons alors appelé une ambulance mais les forces antiémeutes lui ont barré le passage. Il a fallu que les étudiants interviennent pour que l’étudiant blessé soit évacué vers l’hôpital de Béni-Messous”, racontent les délégués. À vrai dire, le dispositif sécuritaire mis en place hier dès 7 heures du matin n’était pas particulièrement impressionnant. Ce qui l’était, par contre, c’est le nombre d’étudiants venus des écoles et des universités d’Alger, Boumerdès, Blida, Constantine et Oran.

Ils étaient plus de 4 000, selon les estimations des étudiants et des forces de l’ordre. La descente menant vers le département de Harraoubia était noire de monde. Les manifestants ont complètement bloqué l’accès, notamment pour les automobilistes qui n’avaient d’autre choix que de faire demi-tour. Le nombre des étudiants grossissait au fil des heures et la pression montait. Les forces antiémeutes se sont positionnées tout au long de la route menant au ministère. À chaque fois que les protestataires tentent de franchir le cordon, les policiers les malmènent et les tabassent. Les heurts éclatent et la tension monte des deux côtés au milieu de cris et des slogans des étudiants. “Nous sommes des étudiants”, “nous ne sommes pas des perturbateurs”, “nous réclamons nos droits pacifiquement”, ou encore “Harraoubia dégage”. Après un bref retour au calme, les heurts reprennent et des blessés tombent souffrant surtout de fractures ou autres blessures causées par les coups de matraque. Ce fut ainsi de 9 heures du matin jusqu’à 12 heures.

Les forces antiémeutes ont beau essayer de faire reculer les étudiants mais rien à faire. Ils étaient décidés à briser le cordon et rejoindre le ministère. D’autant que les étudiants de l’École supérieure du commerce, située à proximité du MESRS, ont décidé de prêter main forte à leurs camarades et sont venus les rejoindre du côté du ministère.

Les forces antiémeutes se sont donc retrouvées au milieu des deux groupes de manifestants. Et là, la tension est vite montée. Les étudiants, qui se sont rassemblés devant le siège de la tutelle, scandaient. “Faisant front commun pour narguer le ministère” ou encore “avancez, vous n’êtes plus loin”. Et à chaque fois que les étudiants avançaient, ils recevaient des coups de matraque et certains tombaient en syncope dont des filles. La tension est telle que des renforts sont exigés. Des casques bleus ne tarderont pas à arriver.

Les étudiants leur bloqueront le passage. Ils se contentent alors de s’aligner à côté des manifestants qui, à chaque fois, essayent de briser le cordon et d’atteindre le siège du ministère. Voyant que la matraque et autres coups n’ont pas eu raison de la persévérance des étudiants qui exhibaient leurs cartes en scandant : “Nous sommes des étudiants, pourquoi vous nous tabassez ?”, les forces antiémeutes ont, contre toute attente, cédé le passage, peu à peu, aux grévistes qui ont vite rejoint leurs camarades. Assis par terre à l’entrée du siège du département de Harraoubia sous l’œil vigilant des policiers, les étudiants ont décidé de camper devant la tutelle jusqu’à ce que le décret soit abrogé.

Pour les délégués, le ministre de l’Enseignement supérieur doit “rendre des comptes sur ce qui s’est passé ce matin et dimanche soir”, car, ajoutent-ils, “nous sommes là pour nos droits en tant que simples étudiants”. Rendez-vous est pris pour aujourd’hui à la même heure et au même endroit.