“Peuple d’Algérie : le M’zab aspire profondément à la paix. S’il y a lieu de choisir, la sagesse populaire nous indique de choisir la misère et non la fitna. Aidez-nous à asseoir la paix juste, pour tous, et isoler tous ceux qui la sabordent, où qu’ils se trouvent.”
Encore un appel de détresse, mais lancé cette fois à tout le peuple algérien par le Comité de coordination et de suivi de la crise sécuritaire (CCS) de cette région du Sud algérien.
Dans une lettre ouverte publiée dans la presse et intitulée “Peuple algérien : où va le M’zab ?”, ce collectif informe que la situation est très grave dans la vallée du M’zab. Depuis novembre 2013 à ce jour, cette région “a vécu et vit dans l’horreur et la terreur, le sang et la mort, la désolation et la furie meurtrière”, déclare- t-il, en observant que les violences ont enregistré un nouveau pic et se sont davantage intensifiées depuis la dernière visite à Ghardaïa du Premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Le CCS fait état de “raids collectifs menés par des bandits bédouins mercenaires” sur les quartiers, les personnes et les biens des Algériens mozabites, d’“attaques assassines surprises par jets de pierres et autres armes blanches”, causant des “dégâts matériels et corporels graves à des centaines de personnes”, selon lui. Le comité révèle, en outre, que le 29 juin dernier, premier jour de Ramadhan, un lycéen a été “lynché”. Face à ces dépassements, les forces de sécurité, présentes en grand nombre depuis plusieurs mois sur les lieux, auraient fait montre d’une “passivité douteuse”.
Pour le comité de coordination et de suivi, la région du M’zab est bel et bien otage de “l’ordre de la jahilia”, puisque des Algériens, Mozabites, ibadites et kharidjites, sont “torturés” et “massacrés” par d’autres Algériens, pour leurs différences. Après “l’assassinat et le meurtre”, la communauté mozabite, souligne-t-il, fait face à des actes de vandalisme et à “une furie incendiaire” sans précédent.
Tout est fait pour semer la “terreur”, instaurer “l’exclusion et la séparation ethnique”. Mais, le plus intrigant et le plus inquiétant pour le CSS, c’est “comment et pourquoi la communauté mozabite a dû subir seule, durant de très longs mois, cet acharnement génocidaire”. Le comité insiste sur l’existence d’un problème communautaire, dans cette région du pays, en dénonçant “ces clans” qui sèment la zizanie et sont à l’origine des “dérives”.
“Si l’Algérie tout entière a subi le terrorisme intégriste (…) pour l’agenouiller, l’effrayer et ensuite exploiter à dessein sa peur, le M’zab, puisque immunisé contre l’intégrisme terroriste, devra par conséquent, et en plus, subir le terrorisme communautaire”, indique le CSS. Imputant la responsabilité de cette situation à ces “clans du système” et leurs complices (“certains cercles étroits mais influents de la tribu des Chaambas” et des opportunistes), il soutient qu’ils “ont pris en otage leur communauté, exacerbant les véritables frustrations de leur jeunesse, désignant le Mozabite voisin comme cible et point de fixation”.
Le comité regrette en outre les interventions “inappropriées et tardives” des forces de sécurité, leur “partialité flagrante” et l’ambiance d’impunité qui dure depuis décembre dernier. Comme il dénonce le “mensonge, la calomnie, la désinformation (le rôle d’une certaine presse a été déterminant dans la confusion et les amalgames)”. Pour le CSS, la fin de ce climat de terreur est “entre les mains des décideurs manipulateurs”, car, le problème au M’zab réside en réalité dans “l’exploitation éhontée et cynique par les décideurs des clans incriminés du système politique”.
Aussi, lance- t-il “un SOS solennel au peuple d’Algérie pour (…) que le droit de vivre en paix soit immédiatement appliqué dans sa vallée millénaire” et appelle à un “vrai débat” sur les “droits et devoirs” des parties en conflit. “La force de l’État réside dans le strict respect de la loi, la légalité constitutionnelle et l’ordre républicain. La force de l’État est incompatible avec les positions de neutralité coupable, d’arbitrage trompeur, d’hésitation complice ou de laisser-faire assassin”, témoigne le comité de coordination et de suivi de la crise sécuritaire.
Hafida Ameyar