La scène syndicale s’enrichira bientôt d’une nouvelle organisation. Les imams algériens comptent organiser, fin avril, le congrès constitutif de leur syndicat, apprend-on auprès d’un des initiateurs du projet. “Nous avons déposé, à la fin octobre, un dossier d’agrément au ministère du Travail.
En novembre, nous avons eu une réunion avec les fonctionnaires du département pour apporter des éclaircissements sur certains articles de nos statuts. Dimanche, nous nous sommes approchés du ministère du Travail et on nous assurait que le projet est en voie d’aboutissement, il ne reste que la signature du ministre”, révèle cette source.
Voulant certainement gagner du temps, les représentants des imams ont d’ores et déjà arrêté la date du congrès constitutif de leur syndicat : ce sera les 22, 23 et 24 avril prochain. Et tout au long du mois de février, des précongrès régionaux seront organisés dans l’ensemble des régions du pays.
Se plaignant de leurs conditions sociales, les imams algériens veulent vaille que vaille s’offrir une organisation syndicale qui défendra leurs intérêts et portera leurs revendications. “Comme tous les Algériens, les imams ont des problèmes de salaires, de logements, etc”, explique Ada Fellahi, conseiller du ministre des Affaires religieuses, qui a tenu à préciser que depuis 2008, les imams ont tout de même un statut.
M. Fellahi ne voit pas d’un mauvais œil la constitution de ce syndicat pour peu, conditionne-t-il, qu’il adopte “la référence religieuse algérienne” et respecte “la Constitution et les lois de la République”. Pour le conseiller de Bouabdallah Ghlamallah, les imams “ne sont pas seulement des fonctionnaires mais sont aussi et surtout des prédicateurs”. Il faut dire que les cadres du département des Affaires religieuses, à leur tête le ministre lui-même, ont peur de voir le syndicat des imams infiltré par les salafistes pour provoquer une fitna dans la société. “Nous avons des appréhensions et le risque existe bel et bien”, reconnaît M. Fellahi. “Nous n’avons rien à voir avec la politique. Notre syndicat est strictement professionnel. Il est vrai que les courants qui traversent la société algérienne se retrouvent dans notre syndicat mais, nous nous sommes entendus sur un dénominateur commun : les revendications socioprofessionnelles exclusivement”, explique un imam.
Une chose est sûre, ce nouveau syndicat ne sera pas affilié à l’UGTA. “Ce sera un syndicat autonome. Si nous sommes affiliés à l’UGTA on n’aura même pas besoin de faire un congrès”, explique notre imam.
Il faut souligner que, depuis, le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, ne rate jamais l’occasion de réaffirmer son soutien à ce projet. Le 31 décembre de l’année dernière, à l’occasion d’une rencontre tenue à Dar El-Immam à Alger, il affirma qu’il “ne va pas s’opposer à la mise en place d’un syndicat s’intéressant aux affaires des fonctionnaires, imams et employés du secteur”. Puisque, s’énorgueillait-il, il a été “parmi les premiers qui avaient appelé à la mise en place d’un syndicat qui prendrait en charge les affaires des employés du secteur, à l’instar de ce qui est en vigueur dans d’autres secteurs”.
Il y a lieu de rappeler que l’Algérie compte 20 000 imams officiant dans 15 000 mosquées.
A. C