Les manifestations sociales des syndicats tunisiens, marquées par des grèves en novembre dans le secteur public, reviennent sur le devant de la scène avec ce mouvement de contestation, inspiré des “gilets jaunes” français.
Le gouvernement tunisien, qui n’arrive pas à satisfaire les revendications des organisations syndicales en raison des difficultés financières auxquelles il fait face et les pressions du Fonds monétaire international (FMI), voit revenir la contestation sociale dans la rue dès aujourd’hui.
C’est un nouveau mouvement portant le nom de “gilets rouges” qui fait son apparition avec une première manifestation dès aujourd’hui à Kasserine, dans le centre-ouest frontalier avec l’Algérie. Le choix de ce lieu n’est pas fortuit, car c’est dans cette ville où l’un des fondateurs de ce mouvement a été arrêté vendredi.
Il s’agit de Borhane Ajleni, un militant d’un parti de gauche, auquel on reproche d’avoir diffusé en ligne des appels à soutenir la campagne de contestation, selon des membres de ce mouvement.
Ceci dit, les “gilets rouges” protestent contre la flambée des prix et pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Ils demandent au gouvernement tunisien l’établissement d’une stratégie pour l’emploi, l’augmentation du Smic et une baisse des prix des produits de première nécessité.
Ces demandes se justifient par le fait que le chômage dépasse 15%, l’inflation atteint près de 8% et le dinar continue sa dégringolade. Les revendications des “gilets rouges” traduisent la colère qui gronde depuis des mois en Tunisie, avec les grèves dans l’enseignement, dans les transports de carburant, au sein des avocats et de menaces de débrayage dans le transport aérien.
On rappellera qu’une grève générale est prévue à la mi-janvier à l’appel du puissant syndicat UGTT. Il y a lieu de noter que ce mouvement des “gilets rouges” semble bien structuré selon ses responsables, qui affirment qu’il repose sur 9 coordinations régionales et 53 locales.
Conférence de presse, pages facebook déjà en place, représentants en régions, leaders issus des rangs d’un syndicat d’étudiants de gauche ou proches de certaines personnalités politiques traduisent une mobilisation bien réfléchie et loin d’être spontanée.
Interrogé sur cette campagne des “gilets rouges”, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, qui participait à un séminaire organisé par la Fédération nationale des hydrocarbures à Hammamet, a affirmé, samedi, au micro de Radio Shems fm, que “ce qui importe le plus est non pas le déclenchement des manifestations, mais plutôt le fait de savoir les encadrer”.
Noureddine Taboubi a ajouté que la centrale syndicale refuse que les manifestations soient orchestrées par certaines parties, rappelant que la situation sociale du pays est critique. Il a dans ce contexte appelé toutes les parties à faire preuve de responsabilité.
Il y a lieu de signaler que la police tunisienne a saisi cette semaine dans un entrepôt à Sfax 48 000 gilets rouges dont l’importateur affirme qu’une grande partie est destinée à des sociétés pétrolières.
Merzak Tigrine