“Le zèle du ministre de la Communication révèle, à qui en douterait encore, la haine tenace que des cercles du pouvoir continuent à couver contre la presse et trahit le plan mis en branle pour pousser El Khabar dans l’impasse fatale”, ont souligné les écrivains, réalisateurs, universitaires et hommes de droit signataires d’une déclaration de soutien au groupe de presse El Khabar.
Le procès engagé par le ministère de la Communication contre le rachat d’actions dans le groupe de presse El Khabar, par Ness-Prod, filiale de Cevital, continue de mobiliser.
Mais cette fois-ci, c’est l’élite de la société algérienne qui apporte son soutien à El Khabar, dans une déclaration rendue hier publique. “Forgée dans les durs moments de la barbarie et de l’autoritarisme, la presse algérienne a payé le prix fort pour défendre la liberté d’expression. Aujourd’hui, elle fait face à une autre épreuve de force engagée par le pouvoir en place. Le journal El Khabar — une des citadelles de la liberté d’expression — fait l’objet de harcèlements méthodiques et entêtés. Par des procédés insidieux, les tenants du pouvoir ont poussé le journal à une asphyxie financière dans le seul but de le soumettre. Mis en difficulté, des propriétaires du titre ont cédé des actions à un groupe industriel pour préserver le journal et l’entreprise qui l’édite. La transaction commerciale, qui ne doit satisfaire qu’aux règles et aux lois qui régissent ce genre d’opération, est saisie comme l’occasion à ne pas rater par le pouvoir pour achever d’acculer le titre et d’entraîner sa disparition”, dénoncent les vingt signataires.
Il s’agit, en effet, de Kamel Daoud, écrivain, Prix Omar Ourtilane, Aïssa Kadri, professeur émérite des universités, Saïd Khelil, ancien détenu d’avril 1980 et ex-dirigeant du FFS, Ali Bensaad, chercheur, Mohamed-Lakhdar Maougal, professeur, Mokrane Aït Larbi, avocat et défenseur des droits de l’Homme, Noureddine Benisaad, président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, Ahmed Rouadjia, professeur des universités, Mohamed Hennad, politologue, Fatiha Benabou, professeur de droit, Nacer Djabi, sociologue, Samir Toumi, écrivain, Zoubir Arous, sociologue, Hasni Abidi, universitaire Malek Bensmaïl, réalisateur, Abdelaziz Rahabi, ancien ambassadeur, Mohamed-Arezki Ferrad, écrivain et ancien parlementaire, Hafid Derradji, journaliste, Saïd Djabelkhir, islamologue, Bachir Deraïs, réalisateur. Et ces derniers n’y vont pas par quatre chemins pour dire les choses. Ils se veulent plutôt catégoriques : “Le zèle du ministre de la Communication révèle, à qui en douterait encore, la haine tenace que des cercles du pouvoir continuent à couver contre la presse et trahit le plan mis en branle pour pousser El Khabar dans l’impasse fatale.” Et c’est justement pour ces raisons que les signataires de la déclaration “dénoncent avec fermeté cette énième atteinte à la liberté d’expression et condamnent l’acharnement aveugle du pouvoir à faire tomber, un à un, les acquis démocratiques arrachés de haute lutte pour servir des dessins politiques dont les ravages ne sont plus à démontrer”.
Ils appellent aussi “à ce que cessent immédiatement ces assauts contre les espaces de liberté”, et “expriment leur entière solidarité au collectif d’El Khabar qui œuvre chaque jour à maintenir cet espace qui porte, vaillamment, les valeurs de démocratie et de progrès”. Ils rappellent que “El Khabar, comme d’autres titres de la presse indépendante, a accompagné les évolutions de la société, dans ce qu’elle a vécu d’extrême et de décisif”.
Ce pourquoi ils relèvent que “l’existence d’une presse libre et indépendante est hautement nécessaire, voire une condition sine qua non à la construction de la citoyenneté et de la démocratie”. Et, justement, cette “attaque qui cible El Khabar est l’occasion de le rappeler, haut et fort, aux tenants du pouvoir”, ont-ils conclu.