Ils ont pris d’assaut les pompes à essence et les magasins d’électroménager: 2017 fait déjà paniquer les Algériens!

Ils ont pris d’assaut les pompes à essence et les magasins d’électroménager: 2017 fait déjà paniquer les Algériens!

C’est une véritable ambiance apocalyptique qui a régné dans le pays à la veille de la nouvelle année. Il ne manquait plus que le stockage de sucre, de pâtes et d’huile au cas où…

Samedi dernier c’était jour de panique en Algérie! Les pompes à essence et les magasins d’électroménager étaient pris d’assaut à la veille du Nouvel An. Alors que la plupart des peuples du monde accueillent la nouvelle année dans le bonheur et la joie, les Algériens sont tombés dans un affolement qui les a poussés à chercher la «meilleure» solution pour parer aux flambées qu’annonce 2017.

Ils ont ainsi décidé de prendre les devants en tentant quelques acquisitions avant l’entrée en vigueur de la loi de finances (LF) 2017. Ce qui s’est d’abord traduit par des queues interminables devant les stations-service du pays. Les automobilistes se sont réveillés aux aurores avant de passer plusieurs heures à attendre dans l’espoir de profiter une dernière fois du «carburant à bas prix», comme ils le disent si bien.

Dans tous les points de vente de «l’or noir» c’est la même galère, la même attente. Dans la queue, ont trouve toutes les couches de la population. Des retraités, des actifs, des jeunes, des moins jeunes qui ont un seul objectif: faire le plein…

Ce geste qui n’a d’utilité que de se prendre la tête avec son alter ego témoigne à lui seul des craintes qu’a engendrées cette fameuse LF. Si on enlève ceux qui sont à la limite de la panne sèche, la majorité est dans l’irrationnel.

Tous la même inquiétude

Il ne manque plus que le stockage de sucre, de pâtes et d’huile au cas où. Dans cette file d’attente qui ne cesse de s’allonger, un homme prend son mal en patience. «Ce n’est pas possible.

Faire trois quarts d’heure de queue pour prendre de l’essence et aller travailler. C’est vraiment n’importe quoi», peste Brahim qui ne s’attendait pas à cette mauvaise surprise en ce dernier jour de l’année. Farid qui est presque arrivé au but, s’accroche avec l’automobiliste qui était avant lui. Il lui reproche de prendre trop de temps pour remplir jusqu’à la dernière goutte son réservoir.

Une ambiance électrique qui laisse présager une année qui le sera tout autant. Ce spectacle apocalyptique était aussi visible dans quelques magasins d’alimentation générale, mais surtout dans ceux de l’électroménager!

Dans la loi de finances 2017, le gouvernement a introduit une taxe d’efficacité énergétique sur les appareils importés ou fabriqués localement fonctionnant à l’électricité, gaz ou tout autre produit pétrolier.

Dès que les premières informations sur cette nouvelle taxe ont commencé à circuler, la ruée vers l’électroménager a commencé. Néanmoins, elle est arrivée à son summum le 31 décembre dernier au grand bonheur des commerçants qui ont continué de faire de bonnes affaires jusqu’aux dernières secondes de l’année. C’est le cas au Hamiz où il était impossible de circuler en ce dernier jour de l’année. «Réfrigérateurs, climatiseurs, machines à laver, téléviseurs…Tout est bon à vendre.

On est en train d’enregistrer des records, pourtant, d’habitude c’est la période la plus creuse pour nous», affirme Sid-Ali, commerçant dans cette république qu’est le Hamiz. «Ces derniers jours l’électroménager se vend comme des petits pains, et ce n’est pas une façon de parler, je pense que le boulanger du coin n’a pas vendu autant de petits pains que nous, de climatiseurs, réfrigérateurs et autres…», ajoute-t-il heureux. «Toutes les marques se vendent très bien. Les plus célèbres sont en rupture de stocks», fait-il savoir avec des yeux qui brillent de bonheur.

On a pu constater de visu que ces magasins sont pris d’assaut par des Algériens inquiets par l’après-janvier. Ces commerces se vidaient au fil des heures, mais étaient vite remplis par les employés qui étaient en ordre de bataille pour que l’année finisse en beauté. «C’est une dépense inattendue, mais essentielle. J’ai dû emprunter un peu d’argent pour pouvoir acheter un climatiseur, mais je sais que si je ne le fais pas maintenant je ne pourrais pas le faire l’année prochaine», nous explique un quinquagénaire, fonctionnaire de son état, qui était en train de charger son appareil à l’arrière de sa petite voiture chinoise.

Les commerçants se frottent les mains

Fouad, lui, doit se marier dans une année. Il devait équiper sa maison en électroménager l’été prochain. Mais l’annonce d’une surtaxation de ces produits en 2017, l’a poussé à avancer cette dépense. «On m’a dit que l’électroménager va augmenter de plus de 60%, je préfère donc prendre mes précautions de peur de ne pouvoir rien m’offrir comme équipement l’année prochaine», rapporte-t-il en soulignant, comme la majorité des personnes rencontrées, qu’il ne savait pas que cette taxe est variable et qu’elle ne concernera que les appareils énergétivores. «Vous m’apprenez quelque chose», lance-t-il avec étonnement.

Un cafouillage et un manque de communication sur lequel les commerçants jouent. Beaucoup d’entre eux ont, depuis un moment déja, appliqué leurs propres taxes! Comme avec la cigarette, ils ont augmenté graduellement les prix sans que cela n’ait aucune justification. «Certains, accusent leurs grossistes, d’autres l’usine ou tout simplement mentent aux clients crédules leur faisant croire que la taxe était en fait déjà appliquée, mais de façon graduelle», fait savoir Aâmi Mohamed, un retraité qui dit ne pas être tombé dans le panneau…

D’autres petits malins, ont trouvé mieux. Ils font carrément de la spéculation! «Les marques les plus demandées sont introuvables dans les showrooms car ces commerçants ont acheté tous les stocks pour pouvoir spéculer sur les prix», atteste Riad, un connaisseur des arcanes du monde d’El Hamiz. Explication: «Ils connaissent très bien la réalité du marché et les marques les plus prisées. Ils s’entendent entre eux pour vider les stocks des représentants officiels en leur achetant toute leur marchandise. Puis, ils les stockent quand la demande est forte afin de créer la pénurie.» Dès que la tension s’installe, «ils commencent à sortir peu à peu leurs stocks et augmentent les prix à leur guise», ajoute-t-il. Riyad, qui souligne le fait que ces commerçants se sont organisés en réseau pour arriver à fixer les prix du marché, compare cette spéculation à celle qui se fait pour le lait, la farine et tous les produits de large consommation.

«Mais aussi pour ce qui se fait avec la vente de voitures, où les revendeurs ont également créé des réseaux pour ‘vider » les concessionnaires et dicter leurs propres lois sur le marché», témoigne-t-il avec un air des plus indignés, car il n’arrive plus à supporter le laxisme de l’Etat qui laisse les consommateurs livrés à eux-mêmes. «Non seulement ces commerçants ne déclarent pas leurs marchandises, mais ils se permettent de faire de la spéculation sur le dos des consommateurs et cela sans que les autorités ne daignent lever le petit doigt», peste-t-il encore. Néanmoins, cela n’a pas refroidi les consommateurs qui ont continué à faire leurs emplettes comme s’ils étaient dans un marché de fruit et légumes. Ce qui démontre incontestablement que 2017 fait déjà paniquer les Algériens…