Des dizaines de Mozabites ont observé, hier, devant la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger, un sit-in, en guise de énième action pacifique depuis le début des événements dans la vallée du M’zab, pour exprimer leur ras-le-bol de la situation très critique qui prévaut depuis plusieurs mois à Ghardaïa et dont les violences meurtrières ne cessent de faire des victimes. Se disant ciblés par “les violences des Chaâmbis”, les Mozabites pleurent, en ce début de Ramadhan, leur huitième victime. Offusqués, ils interpellent désormais le pouvoir, l’invitant à “tenir ses promesses”, à œuvrer à sécuriser le chaudron du M’zab et trouver une solution définitive au conflit entre Chaâmbis et Mozabites qui, dans un passé récent, cohabitaient à merveille.
À l’instar de leurs frères rassemblés au même moment à Ghardaïa, les Mozabites algérois ont fait allusion notamment aux promesses tenues par Abdelmalek Sellal à l’occasion de la campagne électorale qu’il avait menée au profit du président Bouteflika. “Je vous promets de revenir ici juste après les élections présidentielles pour régler définitivement les problèmes affectant cette belle région ; Ghardaïa sera la première wilaya que je visiterai après cette élection”, avait promis, en effet, le Premier ministre. Cette promesse a été tenue, certes, le Premier ministre ayant effectué une visite dans la vallée du M’Zab, le 14 juin dernier.
Mais à ce jour, rien de concret n’a été fait et le conflit est toujours de mise entre les deux communautés.
Les forces de sécurité déployées en grand nombre dans la vallée du M’zab semblent insuffisantes pour contenir la colère et l’animosité qui habitent les deux communautés séculaires de la vallée du M’zab. Aujourd’hui, la solution relèverait du domaine purement politique. Ainsi, les Mozabites restent plus que jamais convaincus que le pouvoir central a les moyens de régler ce conflit. Calotte sur la tête, les Mozabites rassemblés hier devant la Maison de la presse ont entonné pendant des dizaines de minutes différents chants patriotiques pour réaffirmer leur appartenance à la nation et donc, leur droit à la sécurité au même titre que le reste des Algériens. Cela avant d’interpeller nommément le Premier ministre : “Monsieur Sellal, où sont passées vos promesses ?”
En attendant la solution définitive, les Mozabites, qui dénoncent une “violence raciale”, revendiquent notamment la sécurisation de la ville de Ghardaïa. Atterrés par les assassinats en série commis contre des membres de leur communauté par des “groupes de bandits” qui sèment la terreur dans les quartiers de la ville de Ghardaïa, “au nez et à la barbe des forces de l’ordre”, l’appel de détresse des Mozabites s’adresse, par ailleurs, à toutes les populations à travers le pays, aux sages et aux représentants de la société civile nationale. Ils réclament, néanmoins, le soutien moral pour faire face à “cette situation infernale” qui accable toute la vallée du M’zab. “Nous sommes tous Algériens”, répètent à chaque fois les Mozabites, dénonçant la “ghettoïsation” de la région, livrée aux gangs criminels.
À Ghardaïa, le mal est très profond : des personnes ont été tuées, des magasins saccagés, des récoltes détruites, des familles obligées de fuir leur maison, etc. Malgré la présence encore de milliers d’âmes dans cette ville antique, Ghardaïa offre, aujourd’hui, l’image d’une véritable ville fantôme. À qui profite cette situation ? Certainement pas aux citoyens attachés aux terres ancestrales de la fantastique région de l’oued M’zab.
F. A.