Pour le procureur, il faut que leçon soit donnée à ceux qui seraient tentés à l’avenir par ce genre d’actes abjects.
Le procureur de la République près le tribunal criminel de Tizi Ouzou a requis, hier, la peine de mort à l’encontre des deux accusés de l’enlèvement suivi de l’assassinat du jeune Amirouche Mebrek, en janvier 2014, à Béni Zmenzer. Les deux principaux accusés dans cette affaire, à savoir O. Madjid et A.Youcef, poursuivis pour les deux chefs d’inculpation : “kidnapping suivi de demande de rançon” et “homicide volontaire avec préméditation”, ainsi qu’une dizaine de membres de la famille de la victime et une trentaine de témoins ont défilé devant la juge du tribunal criminel où peu d’éléments nouveaux ont été apportés. De l’audition du principal mis en cause dans cette affaire qui a profondément choqué la population de Béni Zmenzer, il s’est révélé que la juge du tribunal n’a pas eu la tâche aisée. A. Youcef, arrêté le 1er février dernier à Ouacifs, après 13 mois de cavale, a nié tout en bloc et développé un scénario digne d’un film. “À notre retour des Ouacifs où, à la tombée de la nuit, nous avons dîné avec un certain Maamiche, il a rejoint trois personnes, à savoir Abdelghani, M’hamed et Saïd, avec lesquelles il est monté dans un fourgon Renault Trafic que je suivais discrètement. À un moment le fourgon s’arrête et j’entends Amirouche crier. Puis on m’a tiré dessus avec deux balles avant que je ne m’enfuie”, dira le principal mis en cause affirmant qu’“Amirouche a été tué le 24 janvier, soit le jour de sa disparition”. Une version qui n’a convaincu, bien entendu, personnes dans la salle à commencer par la présidente du tribunal. Audacieux et ne se souvenant, fera remarquer la présidente du tribunal, “que de ce qui l’arrange et oubliant tout ce qui peut le confondre”. La juge fera un premier élément scientifique impossible à démentir : Amirouche a été retrouvé, mort, mutilé, ligoté mais pas en décomposition le 29 janvier, soit 5 jours après sa disparition. Donc sa mort ne pouvait remonter à plus de deux jours auparavant. “Et, toi qui as accompagné la victime et qui savais tout cela pourquoi – au lieu de t’enfuir – n’avoir pas informé sa famille et les services de sécurité juste après le drame ?” interroge également la présidente. Des réponses approximatives s’ensuivront sans toutefois pousser l’accusé jusqu’à faire un quelconque aveu.
Son complice a, en revanche, avoué être celui qui a contacté la famille de la victime pour exiger une rançon de 300 millions de centimes.
À la lecture de son réquisitoire, le procureur a plaidé pour des peines à la hauteur des souffrances de l’épouse et des parents d’Amirouche Mebrek. Mais pas seulement. Pour lui, il faut que leçon soit donnée à ceux qui seraient tentés à l’avenir par ce genre d’actes abjects, qui n’est pas moins grave que l’affaire de l’enlèvement et de la décapitation du Français Hervé Gourdel. Le verdict devait tomber tard dans la nuit.

S. L