Ils ont honoré le pays lors des jeux paralympiques,L’Algérie des handicapés qui gagne

Ils ont honoré le pays lors des jeux paralympiques,L’Algérie des handicapés qui gagne
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La délégation algérienne à son arrivée à Alger

Un exploit jamais réalisé dans toute l’histoire sportive du pays qui nous rappelle que l’Algérie des handicapés gagne elle aussi.

Cette journée du mercredi 5 septembre 2012 restera gravée dans la mémoire de ceux qui vibrent quand l’hymne national Kassamen est entonné. Ce jour-là donc, l’émotion a été à son comble car un événement historique venait de se produire de l’autre côté de la Manche. Trois lanceurs de poids algériens trônent fièrement sur le podium du stade olympique de Londres. Tous les trois venaient de gagner à la fois la médaille d’or, d’argent et celle en bronze. Cette image est d’autant plus symbolique qu’elle intervient l’année du Cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie. Ces trois athlètes ne sont pas les seuls à avoir honoré l’Algérie lors des Jeux paralympiques de Londres. Parmi eux, 16 autres avaient remporté des médailles. Au total, 19 médailles (4 or, 6 argent et 9 bronze) ont été remportées par l’Algérie aux 15es Jeux paralympiques de Londres.

Champion sans toit…

Une «récolte» qui lui permet de se classer 26e au tableau des médailles mais surtout de faire oublier la débâcle des Jeux olympiques qui, quelques semaines plus tôt avaient vu l’Algérie n’obtenir qu’une seule et unique médaille d’or par l’entremise du coureur de demi-fond Taoufik Makloufi. Ces dix-neuf jeunes ont surmonté leur handicap pour que le drapeau algérien flotte dans le ciel du pays de Sa Majesté la reine d’Angleterre. Ils ont ainsi prouvé que les véritables handicapés étaient les 23 athlètes (dit valides) qui n’ont pas été à la hauteur des espoirs de l’Algérie. En analysant les résultats des deux compétitions, on se rend compte que ceux qui se disent valides sont plutôt les vrais handicapés. Ils le sont par leur avidité de l’argent et des privilèges. Ils le sont par le complexe qu’ont certains d’entre eux envers les autres nations. Ils le sont par leur manque de compétition, d’entraînement et de préparation. Ils le sont par leur manque de confiance, de rigueur, de professionnalisme, d’assiduité, de discipline, d’esprit de vainqueur… Et même si un de ces athlètes n’est pas handicapé par l’une de ces «qualités» et arrive à remporter une médaille, il perd sa validité à cause de la… grosse tête. Finalement, le handicap n’est pas celui qu’on voit, celui qui est visible.

Les Jeux paralympiques viennent nous rappeler également que l’infirmité est plutôt dans nos têtes, morale et psychologique. Les athlètes qui se disent valides sont en fait que des «budgétivores» qui engloutissent l’argent public sans grands éclats, sans grands résultats. Alors qu’avec peu de moyens, les athlètes handisport ont réussi des exploits. Quelle belle leçon! Cette situation relance de ce fait incontestablement la question de la prise en charge des athlètes handisport et de la répartition des budgets.

Un des médaillés algériens aux 15e Jeux paralympiques de Londres a confié sa détresse à une chaîne de télévision privée.

Une réalité amère!

Lui qui a honoré la patrie n’a même pas un toit où se loger! Il hisse le drapeau algérien sur le toit du monde, mais lui est sans toit. L’Algérie est incontestablement le pays de tous les paradoxes mais celle des handicapés gagne. C’est cette Algérie qui doit donner à réfléchir aux autorités dans leur façon de voir cette frange de la société qui, il faut le dire, est marginalisée. Malgré le manque de moyens, leur handicap et surtout leur mise à l’écart, ils ont porté l’Algérie au firmament. Alors, on imagine quels exploits réaliseront-ils avec un peu plus de moyens et surtout de considération.

Le cri de détresse de ce médaillé qui n’a pas où loger met à nu le quotidien amer de tous les handicapés en Algérie. Un médaillé paralympique est dans la détresse, alors qu’en est-il des autres? Chaque jour que Dieu fait participe presque à cette indifférence nationale à l’égard de cette catégorie non gâtée par la nature. D’une année à l’autre, les jours passent sans qu’une prise en charge réelle ne soit mise en application. À en croire les discours prononcés ici et là, l’État s’est engagé à assurer le bien-être de tous les Algériens. Il considère la protection et la promotion des personnes handicapées comme une priorité de son action dans le domaine de l’intégration sociale, laquelle appelle l’élimination de toutes les formes de discrimination.

Cependant, la réalité est tout autre. Un tour dans les rues et ruelles du pays et on se rend vite compte que les handicapés n’ont pas encore trouvé leur place dans la société. Les trottoirs ont la taille des montagnes. Il n’y a pas d’accès spécifique aux handicapés.

Les places qui leur sont réservées sont pratiquement inexistantes. Tout comme les emplois qui devraient leur être destinés. Qu’est devenue l’enquête nationale sur les handicapés que devait mener le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille? Cette enquête quantitative et qualitative visait à déterminer le nombre exact des handicapés, les types de handicap dont ils souffrent et les moyens de subsistance de cette catégorie de la société, en vue d’améliorer leur insertion et de renforcer la prévention. Mais depuis qu’elle a été annoncée, personne ne sait ce qu’elle est devenue.

En tout cas, sans cette enquête on peut dire que le quotidien des handicapés n’est pas de tout repos. Malgré cela, ils arrivent à surmonter leur handicap pour vivre normalement… «Les cinq sens des handicapés sont touchés mais c’est un sixième qui les délivre; bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction, ce sixième sens qui apparaît, c’est simplement l’envie de vivre», dixit le slameur français Grand corps malade, dans sa chanson Sixième sens.