Ils ont fui l’Ukraine, la trajectoire basculée des étudiants algériens

Ils ont fui l’Ukraine, la trajectoire basculée des étudiants algériens

Avant le déclenchement de la guerre, l’Ukraine accueillait 76 000 étudiants étrangers venus de l’Asie du sud-Est, mais aussi d’Afrique. Éparpillés à travers l’Europe, ces étudiants accusent, actuellement, les coups du conflit russo-ukrainien.

En effet, entre la lenteur des démarches administratives, l’impossible poursuite des études et la précarité, la trajectoire de ces étudiants étrangers, ayant fui l’Ukraine, a basculé du jour au lendemain. Parmi ces derniers, un bon nombre d’Algériens, qui ont choisi de rester en Europe et ne pas renoncer à la poursuite de leurs études à l’étranger.

À l’exemple, Nissia, une étudiante algérienne originaire de Béjaia. Qui a choisi l’Ukraine pour poursuivre ses études en paramédical dans la faculté d’Odessa. Cependant, suite au conflit avec la Russie, Nissia quitte le pays pour se lancer dans une nouvelle aventure à la quête de la sécurité. Elle rejoint donc la Pologne puis l’Allemagne pour enfin arriver en France.

Disposant d’une protection temporaire, Nissia s’est vue attribuer une obligation de quitter le territoire français (OQTF), le mois de mai dernier. Malheureusement, de nombreux autres étudiants, dont des Algériens, vit la même situation que Nissia, même huit mois après le déclenchement de cette guerre.

Ils ont fui la guerre en Ukraine, les étudiants africains des oubliés des politiques d’accueil en Europe

La plateforme de recherche européenne Lighthouse en collaboration avec Le Monde et The Independant ont relevé, dans une enquête, dévoilée le 12 octobre dernier, le traitement subi par ces étudiants étrangers, dont la trajectoire s’écrit toujours en pointillés.

Le mois de mars dernier, le conseil européen a donné aux réfugiés ukrainiens le droit recevoir des aides sociales et de travailler dans leurs pays d’accueil. Ce dispositif concerne toutes les personnes en possession d’un titre de résidence permanente, peu importe leurs origines.

Cependant, très rapidement, ce dispositif a été modifié. Et ce pour concerner uniquement ceux qui ne peuvent pas retourner dans leurs pays d’origines. Selon le député européen du Parti travailliste et membre de la commission LIBE, Thijs Reuten, l’origine de ces étudiants a fortement impacté la décision de la révision de ce dispositif, affirme-t-il aux auteurs de cette enquête.

En France, cette protection a été écartée, le 10 mars 2022. Notamment, pour les étudiants étrangers qui sont en mesure de rejoindre des conditions sûres et durables, dans leurs pays d’origines. Le Portugal est l’unique pays qui n’a pas appliqué une telle distinction.

Les étudiants algériens accusent les coups du conflit Russo-ukrainien

Ce contexte a gravement laissé de traces chez les étudiants africains qui ont fui la guerre en Ukraine. Leur nombre, en France, estimé à environ 480 étudiants, dont des Algériens, ces derniers se sont vus, le printemps dernier, infligés de multiples refus et obligations de quitter le territoire français.

Malgré, un moratoire signé, accordant une sorte de trêve à ces étudiants, du 17 juin au 30 septembre, une dizaine parmi eu ont quand même reçu des OQTF, dans cette période. Ce qui a poussé de nombreuses associations à déposer un mémorandum, le 15 septembre dernier, pour réclamer plus de transparence dans le traitement des dossiers de ses étudiants.

Pour rappel, le ministre de l’Intérieur français a précédemment annoncé la régularisation de 200 étudiants. Suite à cela, les universités ont enregistré un afflux de demandes. Cependant, ces candidats doivent répondre aux mêmes critères de sélections établis par la plateforme Campus France. Dont celui de disposer de 3 200 euros dans le cas où l’étudiant sera hébergé et 6150 dans le cas inverse. Un critère qui reste difficile à satisfaire pour la majorité des étudiants. C’est le cas de Alaedine Ayad, un étudiant algérien qui enfin réussi à s’inscrire à l’université de Jussieu. Et ce, grâce à une cagnotte lancée par ces amis. Dans un témoignage accordé aux auteurs de cette enquête, il fait part de son soulagement. Notamment, en ce qui concerne le dépôt d’une demande de titre de séjour étudiant, qui va lui permettre d’éviter la fameuse OQTF.