L’Assemblée populaire nationale (APN) qui comprend «des représentants du peuple» a enfin décidé de marquer sa présence sur la scène nationale suite à la colère sociale qui a secoué plusieurs wilayas du pays depuis la nuit de mercredi dernier comme réaction à la flambée brutale des prix de produits de large consommation et en particulier, le sucre et l’huile.
Une flambée dans laquelle, les «lobbies de spéculation» sont pointés du doigt en l’absence d’une politique de régulation «efficace». Dans ce cadre, Abdelaziz Ziari a réuni dimanche, le bureau de la chambre basse du Parlement. Une réunion au cours de laquelle il a été décidé de «reporter les séances de l’Assemblée qui devaient reprendre aujourd’hui jusqu’au dimanche 16 janvier. Selon, un communiqué de l’APN, cette décision vise à «permettre aux députés , chacun dans sa daïra électorale de participer aux efforts d’apaisement suite aux protestations enregistrées dans plusieurs villes du pays, en raison de la hausse des prix de certains produits alimentaires de large consommation». La même source rappelle que dans «le calendrier des séances plénières lors de sa réunion de jeudi dernier, il a été noté la reprise des travaux du 11 au 27 janvier».
Par ailleurs, après 30 ans d’absence et d’attente, le projet de loi portant règlement budgétaire de l’année 2008 sera soumis au débat la semaine prochaine. C’est ce qu’a annoncé le président de la commission des finances et du budget, Mohamed Kenaï dans une rencontre avec la presse.
En tout cas si on comprend bien le contenu du communiqué de l’APN, les députés vont essayer d’apaiser les choses et calmer les jeunes mais comment un député qui a été absent toute l’année, se contentant d’assister aux séances de vote des projets de loi à l’Assemblée pourra engager un dialogue avec les citoyens ? Ce n’est vraiment pas facile, car l’image donnée par quelques députés algériens reste loin du vrai rôle d’un député censé être «un représentant du peuple» donc , il doit être présent le temps qu’il faut pour savoir ce qui se passe dans la société et même prévoir «l’explosion» d’une colère sociale. Ce qui aurait permis au moins de parler des problèmes des jeunes et être à leur écoute. Des jeunes pour lesquels la «violence» est devenue un moyen pour «s’exprimer» mais la question qui reste posée est pourquoi cette situation et qui est responsable de l’orientation des jeunes vers des réactions «peu civiques»? D’ailleurs, en matière de prérogatives, l’Assemblée populaire nationale à le droit de mettre en place une commission d’enquête, de tenir des séances de débat spéciales et autres. Mais celle-ci a préféré le silence quand les citoyens souffrent d’une flambée «criminelle» des prix de produits de large consommation. Cependant, rien de cela n’a été programmé. Dans ce cadre, le groupe parlementaire du RCD a demandé un débat général à l’APN sur la situation politique et sociale que traverse le pays, une demande qui est restée sans suite. Il est à rappeler que ce n’est pas la première fois que la direction de l’APN n’accepte pas une proposition d’ouverture de débat général sur un sujet pertinent comme le cas de la corruption.
Il est à souligner que la mission de contrôle exercée par le Parlement par la voie des séances plénières consacrées aux questions orales reste limitée, d’ailleurs au lendemain d’éclatement des émeutes , jeudi dernier. Il y a eu une séance plénière consacrée aux questions orales au Conseil de la nation, mais la question des émeutes ou celle de la flambée des prix n’ont pas été abordées.
Nacera Chenafi
