Les Occidentaux paient cash les petites erreurs de guidage du monstre. Ils doivent savoir que pour anéantir le terrorisme, il faut viser sa matrice.
Daesh a prouvé au monde qu’il est bien implanté en Europe. Les Occidentaux constatent à leur corps défendant que le mal est chez eux. Pour pouvoir le combattre efficacement, ils doivent le frapper à la racine, mais ces racines ne sont pas là où l’on pense.
Ce n’est pas en Syrie, en Irak ou en Libye qu’il faut agir. En réalité, Daesh est une création saoudienne. Idéologiquement, l’organisation terroriste s’inspire de la conception wahhabite de la religion. Même si les rapports entre l’Etat saoudien et l’organisation terroriste ne sont pas formellement établis, tout le monde sait que Daesh est soutenu par l’Arabie saoudite pour une raison au moins, parce qu’il prône la suprématie de l’islam sunnite et voue une haine féroce au chiisme. L’apparition de Daesh en Irak, au milieu de la 1ère décennie du troisième millénaire, avait pour principale mission de combattre le régime chiite de Baghdad. L’évolution fulgurante de cette organisation et le fait qu’elle ait réussi à «phagocyter» l’ensemble des autres groupes islamistes de la région ne peut s’expliquer que par un apport financier massif et régulier.
Le prétendu Etat islamique d’Irak et du Levant, né dans la ville irakienne de Mossoul, a été «encouragé» à traverser la frontière syrienne pour aller compliquer la situation dans ce pays, dans l’espoir d’affaiblir le régime de Bachar al Assad. Il a été constaté sur le terrain une progression phénoménale de cette organisation qui a réussi, en peu de temps, à prendre plusieurs villes syriennes et dompter l’opposition dite modérée.

L’apport en hommes des quatre coins du monde a certes donné à Daesh une consistance certaine, mais il est entendu que les dizaines de milliers de combattants qui recevaient des soldes conséquentes étaient nourris et blanchis à coups de milliards de dollars. Et ce n’est certainement pas le trafic de coton et de pétrole qu’organise Daesh à la frontière turco-syrienne qui couvrirait les besoins du pseudo-Etat naissant.
Il est entendu que l’essentiel de ses finances venaient d’ailleurs que du trafic d’hydrocarbures. L’autre point troublant dans la carrière de cette organisation terroriste tient dans le fait d’éviter toute confrontation avec Israël. L’absence de toute allusion à l’entité sioniste, malgré la puissance de feu dont se prévaut Daesh accrédite la thèse d’un deal entre son tuteur, Riyadh et l’Etat d’Israël. La collusion n’est, pour ainsi dire, plus qu’évidente, et ce ne sont pas les preuves pour appuyer pareille thèse qui manquent. Daesh, une arme de destruction massive aux mains des Saoudiens relève donc du domaine public, tellement les objectifs de l’un et de l’autre se rejoignent sur l’essentiel.
Pour donner le change à ses alliés occidentaux, le Royaume wahhabite a lancé sa guerre contre Daesh et préconisé, pour cela, la création d’une alliance de pays «sunnites», une sorte d’Otan qui prendrait en charge la lutte antiterroriste. 34 pays ont été touchés, mais l’Algérie a refusé de figurer dans une alliance militaire sectaire conduite par l’Arabie saoudite qui n’a, en réalité, d’autre objectif que d’agresser les nations chiites, à l’image de l’Iran. Le roi Salman a considéré l’attitude d’Alger comme un affront, aggravé par le refus d’Alger de désigner le Hizbollah libanais comme organisation terroriste. Le double «non» d’Alger a, sans doute, fini par irriter Riyadh qui a dépêché son ministre des Affaires étrangères et le prince héritier pour trouver «un accord». Revenus bredouilles, les officiels saoudiens ont certainement classé l’Algérie sur la liste des pays réfractaires.
L’actualité sécuritaire évoluant dans la région du Maghreb et du Sahel, l’Arabie saoudite a trouvé en son allié marocain, un parfait exécutant d’un plan dont on ne sait pas grand-chose, mais on en devine néanmoins les objectifs, au vu du comportement du Royaume chérifien. Il y a eu d’abord, une progression plus que phénoménale du trafic de drogue en direction de l’Algérie et dont l’origine est le Maroc. Il y a eu ensuite, le fameux épisode des voyages de centaines de Marocains vers la Libye via l’aéroport d’Alger. Sachant le contingent marocain dans les effectifs de Daesh et la présence de cette organisation en Libye, il ne faut pas être devin pour faire la relation entre le renforcement des capacités militaires de l’organisation terroriste basée en Libye et l’intention de nuire à l’Algérie des deux monarchies, avec le concours des services israéliens. En fait, les trois Etats, Arabie saoudite, Maroc et Israël ont chacun un mobile pour affaiblir l’Algérie. Le premier n’admet pas le refus de l’Algérie de se soumettre à sa vision belliciste, le second lui reproche son soutien au plan de l’ONU sur le Sahara occidental et le troisième considère l’Algérie comme l’ennemi de toujours, en raison du soutien populaire à la cause palestinienne.
Ainsi, Daesh a échappé, en partie, à ses géniteurs, puisqu’il s’est attaqué à l’Europe et à Israël. Mais le fait que cette organisation déploie son propre agenda ne veut pas dire qu’elle ne servira pas les intérêts de ses tuteurs lorsqu’il s’agira de frapper l’Algérie. Les Occidentaux, qui paient cash les petites erreurs de guidage du monstre, doivent savoir que cela ne sert à rien de taper sur les terroristes, si sa matrice demeure intacte.