L’idée a émergé dans les Lieux saints d’où viennent de rentrer, avant-hier sur Alger, des pèlerins du Mali, d’Algérie, du Niger, de Mauritanie et du Nigeria : création de la Ligue des Ulémas des pays du Sahel. La naissance de la Ligue des Ulémas des pays du Sahel, regroupant des érudits théologiens de ces pays, a été annoncée, hier à Alger, par les membres fondateurs.
Il s’agit du Malien Mohamadou Touré, membre du Haut conseil islamique, de deux imams prêcheurs mauritaniens, Sar Moussa Faly et Sidi Mohamed Ould Chewaf, des Algériens Ahmed Tikhemrine et Bachir Kessal, d’un imam nigérian, Mohamed Abdullah Mabdul, ainsi que de deux Nigériens, El-Hadj Mohamed Hossein et Kahaled Yahya Haladou, respectivement imam et prédicateur. L’initiative vise notamment à regrouper les chouyoukh du Sahel aux fins de coordonner leurs efforts et contribuer au rétablissement de la paix. Ceci, expliquent les fondateurs de la ligue, doit passer par “la sensibilisation des populations contre le discours extrémiste” que prêchent les terroristes écumant la région (le Nord-Mali).
“L’idée de créer la ligue des Ulémas a mûri lors de plusieurs assises que nous tenions dans les Lieux saints, pour discuter de la jurisprudence dans le rite malékite ainsi que du hadj. Durant ces discussions, il a été débattu des problèmes de l’insécurité, de l’instabilité, de la prise d’otages et des trafics en tous genres qui sévissent dans la région du Sahel”, a tenu à préciser, lors de son intervention devant la presse, El-Hadj Mohamed Hossein du Niger. Les hadjis réunis à cette occasion, explique l’imam, étaient unanimes à relever que ces problèmes sont dictés par “l’extrémisme, le chauvinisme et la mauvaise interprétation des textes de notre islam basé sur la tolérance et la commutation entre toutes les sociétés, et ce, quelle que soit la différence d’ordre ethnique, social, religieux ou autres”.
De ce fait, les hadjis réunis à La Mecque avaient alors exprimé le souci “d’œuvrer ensemble pour venir à bout de ce fléau”. Et l’imam nigérien de reprendre : “Allah nous incite à recommander la paix et à interdire le blâmable, et il n’y a pas plus blâmable que le terrorisme et les actes ignobles de tout genre.” C’est pour cette raison, prêche-t-il, que “nous lançons un appel à tous les Ulémas, toutes les élites, tous les prêcheurs, tous les hommes épris de paix d’essayer de se retrouver au sein d’un cadre qui va leur permettre de se concerter et d’unir tous les efforts pour venir à bout de ce fléau”. D’où l’idée, conclut-il, de la création de la Ligue des Ulémas des pays du Sahel. À son tour, l’imam nigérian, Mohamed Abdullah Mabdoul, n’a pas manqué de condamner avec force rigueur les kidnappings des innocents et les crimes ignobles que commettent les terroristes au “nom de l’islam !”
Or, regrette-t-il, le message de l’islam ne prêche jamais l’extrémisme mais, bien au contraire, il prêche la paix. D’où le prêche de l’imam à aller vers davantage de concertation dans le cadre de la ligue naissante, en vue de trouver une issue salutaire au drame qui affecte le Sahel. “Il faut privilégier les discussions et le dialogue, et non pas forcément la force, donc la guerre. Et nous sommes optimistes quant au rétablissement de la paix dans le Sahel”, plaide-t-il.
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