Ils ont agité le spectre de la violence, Stratégie gagnante du staff de Bouteflika

Ils ont agité le spectre de la violence, Stratégie gagnante du staff de Bouteflika

Le staff de campagne de Bouteflika aura réussi à inverser la tendance en pleine campagne électorale. Alors que le candidat Ali Benflis impressionnait lors de ses différents meetings électoraux et donnait l’air de quelqu’un qui allait concurrencer sérieusement le Président-candidat, le staff de la campagne de Bouteflika a décidé, alors, de sortir l’artillerie lourde, en menant une campagne sans merci contre son seul rival, via des télévisions privées qui ont excellé dans l’art du lynchage.

Le clou de la stratégie consistait à agiter le spectre de la violence. On accusait le rival de menacer la sécurité de l’Algérie et de jouer avec sa stabilité lorsque ce dernier affirmait qu’il ne se tairait pas en cas de fraude.

En plus des attaques orchestrées contre Ali Benflis sur les télévisions privées et les derniers meetings des animateurs de la campagne de Bouteflika consacrés essentiellement à faire peur aux gens, on est allé jusqu’à coller des affiches dans les rues d’Alger, montrant les images des massacres de Raïs et Bentalha, qui rappellent aux Algériens une triste époque que personne ne voudrait revivre.

Le Président-candidat s’est lui-même prêté à cette stratégie en dérogeant aux règles élémentaires de la diplomatie, allant se plaindre auprès du chef de la diplomatie espagnole, ensuite auprès de Lakhdar Brahimi des comportements, qu’il a assimilés à du “terrorisme” de la part de son rival, Ali Benflis.

À force d’évoquer les risques de voir le pays sombrer dans le chaos, le staff de campagne de Bouteflika a fini, à travers une stratégie bien exécutée, notamment par les médias privés qui lui sont acquis, par transférer sa panique à une bonne partie du peuple.

Cette stratégie a bien fonctionné, et pour preuve, le rush des Algériens sur les stations-service et les grandes surfaces pour faire le plein de provisions. L’ambiance qui régnait la veille du scrutin donnait l’impression que le pays allait tout droit vers une guerre civile ou une catastrophe majeure. Et c’est cette peur et cette incertitude par rapport au futur proche qui auront fait basculer, encore une fois, les choses en faveur du président-candidat.

Le jour du scrutin, il ne s’est rien passé, ou presque. Hormis quelques incidents mineurs, tout s’est passé le plus normalement du monde. Et comme pour donner une idée sur ce que seront les résultats officiels de ce scrutin, le ministre de l’Intérieur annonce, dès midi, un taux de participation dépassant 9% à 10h, c’est-à-dire, un taux plus élevé que celui de la présidentielle de 2009 où le climat n’était, pourtant, pas aussi tendu.

Tout porte à croire donc que le taux de participation, en fin de compte, serait plus important que celui de 2009, en tout cas plus important que celui des dernières législatives où il n’avait pas dépassé les 35% selon les chiffres officiels.

C’est ce renversement spectaculaire de la situation qui aurait joué en faveur du Président-candidat et qui aurait permis à ses partisans de faire douter y compris ceux qui allaient voter pour leur rival.