L’équilibre est difficile à trouver pour Bensalah
Bensalah a clos ces rencontres en laissant un sentiment d’amertume chez les associations, les organisations et les personnalités qui n’ont pas été sollicitées pour émettre leur avis sur les réformes politiques.
Les consultations politiques qui ont démarré il y a quelques semaines, s´achèvent hélas, sans le consentement de toutes les composantes de la société.
De nombreuses associations, organisations et personnalités ont soit, décliné l´invitation ou n´ont pas été sollicitées pour donner leur avis sur les réformes politiques.
Comédiens et sportifs ont bel et bien obtenu un ticket d´accès à la Présidence pour être reçus par Abdelkader Bensalah qui préside l´instance de consultations, mais celle-ci est loin d´avoir épuisé toutes les composantes de la société civile et de la société politique.
On peut citer à cet égard l´association des anciens condamnés à mort présidée par Mustapha Boudina qui s´interroge sur les raisons qui ont présidé à son exclusion des consultations. Les associations de zaouïas, les Hauts Commissariats à l´amazighité et à l´arabité sont aussi les grands oubliés de Bensalah.
En plus de Mustapha Boudina, il s´en est même trouvé des personnalités qui ont manifesté leur désaccord suite à leur mise à l´écart comme c´est le cas de Loth Bonatero qui préside une association dédiée à la recherche scientifique. Dans ce long chapelet de parties non invitées, on peut aussi citer les associations des personnes atteintes du sida ou de protection de l´environnement.
En somme, si toutes les associations devaient être invitées, la liste aurait été trop longue. Au tout début des consultations, il a aussi été relevé l´absence des représentants de la communauté algérienne à l´étranger. Presque tous les oubliés de la commission Bensalah ont par contre, été invités pendant trois jours aux Assises nationales de la société civile organisées récemment par le Conseil national économique et social. Mais cela n´est pas de nature à ôter à ces franges de la population, les raisons d´exprimer leur amertume.
Cette attitude de la commission Bensalah à leur égard pourrait même être assimilée à de la méfiance.
D´autres auraient vu, dans le cas où tout ce beau monde aurait été invité, une manière de diluer les questions politiques dans le social.
Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, l´avait exprimé sans ambages lors d´une émission à la télévision en s´insurgeant contre l´invitation de personnalités qui n´auraient pas, selon lui, un poids dans la société.
Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, est quant à lui, opposé à un grand show, à l´instar de la démarche adoptée par Sid-Ahmed Ghozali, ancien chef de gouvernement, au début des années 1990.
L´équilibre était difficile à trouver pour Bensalah. Il ne lui était accordé que peu de temps pour mettre en route les consultations et aucune préparation sérieuse n´était imprimée à cette initiative. Les invitations étaient lancées au jour le jour. Conséquence: des personnalités peu influentes ont été sondées et d´autres, à l´aura plus importante, n´ont pas eu la chance d´être écoutées, à leur grand regret. Mais peut-être qu´on n´a pas voulu entendre des voix trop discordantes. Ou bien pensait-on simplement que l´échantillon concerné, composé de personnalités de divers horizons, ayant été sollicité, était représentatif de la société et qu´il était superfétatoire d´en faire plus? Cependant, l´attitude de ceux qui n´ont pas eu l´opportunité d´exposer leurs points de vue tranche avec le camp qui a tout bonnement décliné l´offre. C´est dire que dans pareilles circonstances, il n´est pas facile de rallier l´opinion à une vision unitaire.
La diversité de la société est telle que les différends ne peuvent pas être aplanis dans ces consultations.
D´ailleurs, il est frappant de voir qu´au moment où des consultations avec des partis, des syndicats, des personnalités et des associations se tiennent dans des salons feutrés, la rue n´a pas cessé de gronder et les immolations de réapparaître.
Tout compte fait, la majorité silencieuse a-t-elle le droit de considérer qu´il faut plus que des consultations et des assises pour trouver des remèdes aux maux de la société? Election et amendement de la Constitution n´ont jamais été des recettes magiques pour réconcilier peuple et dirigeants. Mustapha Boudina pense que s´il avait été auditionné, il aurait exposé ses propositions sur la Constitution, la loi électorale, celle sur les partis ou encore sur les associations.
Que reste-t-il alors aux exclus pour faire passer leurs messages? Certains croient avoir trouvé des canaux appropriés. Mais sont-ils accessibles à tout le monde?