Ils ne sont pas inscrits aux tableaux des ordres des praticiens de la santé, 5 000 médecins et 3 500 dentistes exercent dans l’illégalité

Ils ne sont pas inscrits aux tableaux des ordres des praticiens de la santé, 5 000 médecins et 3 500 dentistes exercent dans l’illégalité

Le ministre de la Santé risque d’entamer la nouvelle année par un bras de fer avec les praticiens de la santé publique qui comptent relancer la protestation. Le conseil extraordinaire du SNPSP, fixé au 9 janvier 2014, tranchera la question. À moins que Boudiaf ne fasse mieux que ses prédécesseurs.

L’inscription aux tableaux des ordres est une obligation que doivent remplir tous les praticiens (médecins, dentistes et pharmaciens) pour exercer en toute légalité et dans le respect des lois en vigueur. Ne pas figurer sur le tableau de l’ordre c’est activer dans l’illégalité la plus totale.

Et c’est le cas pour des milliers de praticiens qui, chaque jour que Dieu fait, prodiguent des soins à de nombreux patients alors qu’ils ne sont même pas reconnus officiellement en tant que médecin, dentiste ou pharmacien. Pas moins de 5 000 médecins et 3 500 chirurgiens-dentistes activent illégalement car ils ne sont toujours pas inscrits sur les tableaux de l’ordre. C’est ce qu’a révélé le président du SNPSP lors d’un point de presse tenu hier au siège du syndicat.

Pourtant la raison de cette “grave situation” est loin d’être complexe ou difficile à résoudre. Selon les explications du docteur Merabet, cette situation est liée à un problème de reliquat des cotisations. Les conseils de l’ordre exigent de tout praticien voulant s’y inscrire de s’acquitter du reliquat de cotisations et ce, depuis 1998 ; ce que refusent les concernés qui considèrent que les élections de ces structures ont été déclarées invalides par le Conseil d’État et ont été refaites en 2006, les praticiens ne doivent payer les cotisations qu’à partir de 2006. “C’est une situation d’illégalité qui est imposée aux praticiens et aux conseils d’assainir la situation pour mettre fin à ce problème.” Le syndicat a, à maintes reprises, saisi les conseils mais rien n’a été fait à ce jour. Diagnostic : les citoyens se font traiter par des praticiens qui, aux yeux de la réglementation, n’ont aucune existence sur le terrain. Il faut ajouter en parlant d’exercice que le SNPSP, qui a toujours dénoncé le maintien de l’activité complémentaire, a appelé hier à l’abrogation pure et simple de cette activité gelée récemment par le ministre de la Santé.

La fièvre monte et la protesta arrive

Lors de son point de presse, le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique a dressé un bilan de la revendication sociale des travailleurs et, par ricochet, celui du secteur de la santé en général. La situation des deux départements n’est pas très reluisante. Pour la revendication sociale, le mal est tel que la fièvre monte chez les praticiens. Délaissé et mis en veille depuis le mois de juin dernier, le dossier des praticiens n’a connu aucune évolution positive. “La plate-forme de revendication des praticiens n’est pas la priorité de la tutelle. Rien n’a été fait depuis l’arrêt de la dernière grève. Le temps s’est arrêté au 18 juin dernier”, soutient le docteur Merabet. Ce n’est que trois mois après son installation, que le ministre de la Santé a fini par trouver des heures creuses et recevoir ses partenaires sociaux. Le SNPSP a été convié, le 28 décembre dernier, à une rencontre de laquelle la délégation syndicale a préféré se retirer en signe de protestation contre l’absence de tout avancement dans la satisfaction de la plate-forme de revendications. “Les directeurs centraux ont fait dans la provocation en soutenant d’emblée que certains dossiers sont clos et ne doivent pas être abordés.”

Ce qui a provoqué l’ire de la délégation qui a préféré se retirer. Une autre réunion a eu lieu le 2 décembre avec le ministre qui “a affiché une disponibilité” à prendre en charge les doléances du Snpsp tout en justifiant le retard dans l’ouverture des concertations avec les partenaires sociaux par “l’urgence de régler des problèmes du secteur.” Abdelmalek Boudiaf s’est engagé “à répondre officiellement et par écrit aux différents points de la plate-forme de revendications dans un délai de dix jours.” Un délai qui expire pratiquement demain. Mais il est fort à parier que le syndicat ne recevra aucune réponse. Ce qui ne fera que verser de l’huile sur le feu et accélérer le retour à la protestation. Une option envisageable et qui risque d’être approuvée par le conseil national extraordinaire prévu le 8 janvier prochain d’autant que les principales revendications datent de plusieurs années. C’est le cas pour l’amendement du statut particulier négocié et ratifié en commission mixte depuis 2011, l’application de l’article 19 du statut particulier relatif à la gradation ainsi que la formation continue qui devrait être “une obligation” qui permettrait aux praticiens d’actualiser leurs connaissances pour éviter les erreurs. Le syndicat réclame aussi l’accès au titre de docteur pour l’ensemble des dentistes et pharmaciens en exercice et la levée des entraves syndicales.

Seule la volonté politique

Le bilan du secteur, notamment après l’arrivée de Boudiaf, a été inévitable lors de cette rencontre. De petites améliorations ont été enregistrées, mais le plus urgent et important reste à faire. C’est ce que pense le syndicat qui cite l’exemple de la disponibilité des vaccins, mais sans seringues, ce qui pose également un énorme problème, et la disponibilité de certains médicaments destinés aux cancéreux. Mais toujours est-il les services des urgences font face à des pénuries de médicaments tels les anti-inflammatoires, anti-histaminiques et antalgiques. La conviction du SNPSP est que “l’amélioration du secteur de la santé ne relève pas uniquement du ministre. Il faut une volonté politique et des décisions courageuses”. Évoquant les nombreux déplacements de Boudiaf à travers les wilayas, le docteur Merabet dira que “si les directeurs centraux avaient fait leur travail régulièrement et de façon constante, ils auraient épargné au ministre ses déplacements qui, certes, boostent les gens mais relèvent de leurs missions. Le ministre devrait s’occuper de choses plus urgentes”. Aussi, les sorties de Boudiaf “confirment ses dires par rapport aux problèmes de gestion du secteur”. Mais peut-on améliorer la gestion avec ceux qui ont prouvé leurs limites ?

Non à la nouvelle restructuration du secteur sans bilan

Le syndicat des praticiens a révélé hier que la tutelle a finalisé un avant-projet de décret relatif à la restructuration du secteur, autrement dit une nouvelle carte sanitaire qui transformerait les EPH en hôpitaux généraux et les EPSP en circonscriptions. “Nous rejetons cette restructuration. La révision de la carte sanitaire ne peut se faire sans évaluation et un bilan de l’ancienne”, estime le Snpsp qui s’interroge sur les raisons de la précipitation à revoir la structuration à la veille d’échéances politiques.

M B