Hier, la situation de crise était à son comble au siège du parti à Hydra
Abdelhamid Si Afif, membre du bureau politique, suggère à ses collègues de démissionner et de ne pas résister à l’action de destitution de Belkhadem.
Le bateau FLN chavire à moins de quatre semaines des élections législatives, un rendez-vous que le chef de l’Etat a qualifié de deuxième 1er Novembre. Noyé dans sa tourmente, le vieux parti risque alors de rater ce rendez-vous déterminant. Ne dit-on pas que l’Histoire ne repasse pas les plats? Hier, la situation de crise était à son comble au siège du parti à Hydra (Alger).
On a appris que plus de 200 membres du comité central (en attendant d’autres) ont signé une pétition pour la tenue d’une session extraordinaire de cette instance. Ordre du jour: retrait de confiance au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem.
Le membre du bureau politique, ancien «inséparable» et ex-allié stratégique de Belkhadem, Abdelhamid Si Afif, s’est félicité de ce nombre de signatures, annonçant que les deux tiers requis seront dépassés sous peu.
Le statut du FLN stipule, en effet, dans son article 37, qu’il faut la signature de deux tiers des membres du comité central, composé de 351 membres, pour tenir une session extraordinaire de cette instance. Belkhadem, qui achève son séjour à Marseille, où il a participé au colloque organisé à Marseille par le magazine français Marianne et le journal arabophone El Khabar sur le 50e anniversaire de l’Indépendance algérienne, est certainement paniqué.
A moins qu’il soit recruté par un parti islamiste, son rêve «présidentialiste» s’évapore avec l’éventualité de sa destitution. Il rentrera au pays avec cette nouvelle qui ne manquera pas de le faire frissonner: son ex-mentor, Abdelhamid Si Afif, appelle les membres du bureau politique à la démission collective. «Je propose aux membres du BP de démissionner pour permettre au comité central d’élire démocratiquement sa direction afin de préserver l’unité du parti et sauvegarder nos chances aux élections législatives», a-t-il déclaré, hier au téléphone.
A travers cet appel à une session extraordinaire du comité central, notre interlocuteur estime que c’est là «une volonté de cette instance de remédier organiquement à la situation dans laquelle se trouve le FLN».
«Je suggère à mes collègues du BP de ne pas s’opposer ou résister à cette action salutaire», a-t-il poursuivi. Pour sa part, le Mouvement de redressement, qui ne peut qu’être arrangé par ces couacs, ne veut pas se mêler pour le moment de l’affaire. Il observe.
«On détermine notre position une fois ce comité central tenu. Notre mouvement a des revendications, une plate-forme et un objectif qui sont toujours les mêmes. On ne profite pas de cette occasion pour revenir à la charge. Maintenant, si ce comité central servira les interêts du parti, il est le bienvenu mais pour servir une personne, on n’est pas d’accord», a déclaré le meneur de ce mouvement, Salah Goudjil.
Ce dernier a souligné que son Mouvement n’a pas signé la pétition appelant à la tenue d’un comité central extraordinaire. «Personne n’a osé nous le demander. Il y a une année, on leur a demandé de signer et ils ont refusé», a-t-il précisé.
Le feu a donc pris dans la maison FLN.
De 2004 à 2012, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, aura donc trop vécu à la tête du parti.
En huit ans d’exercice, il a réussi une seule réalisation: faire l’unanimité contre lui, un exercice par ailleurs facile à réussir. Puisqu’il est arrivé à faire en sorte qu’il soit décrié de la base jusqu’au sommet. Même ses amis les «plus fidèles et loyaux» lui ont tourné le dos.
Il lui est reproché une lourde bourde: l’islamisation du FLN à l’occasion de la confection des listes électorales en prévision des élections législatives du 10 mai prochain.
Belkhadem a placé, en outre, des analphabètes, des opportunistes et les hommes d’affaires dans ses listes électorales qui ont provoqué une sédition. Pourtant, le statut du parti est clair.
Son article 19 stipule que le candidat aux législatives doit compter au moins 7 ans de militantisme à son actif.
Belkhadem a-t-il respecté cet article? Une question devenue secondaire après l’évolution de la situation et l’approche de la fin de M.Belkhadem, traité de traître, à la tête du parti.