Les partis de l’opposition dressent un tableau noir de la situation politique, économique et sociale du pays, au point d’effrayer leurs auditoires.
Les week-ends politiques se suivent et se ressemblent. Les leaders partisans mettent tous un point d’honneur à entamer leurs propos par l’intérêt suprême de la nation que chacun voit à sa porte. Les discours dérivent immanquablement vers la critique de l’Autre, jusqu’à lui dénier le qualificatif de patriote. Ce déni de patriotisme se retrouve dans les déclarations des partis au pouvoir. Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia ne ratent aucune occasion pour insinuer des agendas étrangers d’une partie de l’opposition et vont jusqu’à coller à celle-ci quelques appartenances idéologiques avec Daesh, rien de moins. Le propos est donc très dur et les accusations à la limite de la diffamation. Les partis de l’opposition ne sont pas en reste. Ils dressent un tableau noir de la situation politique, économique et sociale du pays, au point d’effrayer leurs auditoires.
A bien entendre beaucoup de leaders de l’opposition, le pouvoir fait presque exprès de conduire le pays dans les bras de Daesh. Le propos est, là aussi, d’une violence sans pareille et la cible, le pouvoir en l’occurrence, est décrit comme plus que dictatorial. L’opposition hésite de moins en moins à lui trouver des aspects colonialistes, en tout cas plus que prédateur. Les Makri, Belabbès et autres Djaballah ne reculent devant aucun mensonge, ni hypocrisie politique pour dépeindre l’Algérie comme un pays à vau-l’eau, totalement structuré, entre les mains d’une bande de voyous qui squattent l’Etat à des fins bassement personnelles. Ce tableau où l’on ne trouve aucune espèce d’espoir, revient dans la bouche des chefs de l’opposition, au mépris d’une réalité politique, économique et sociale, loin d’être aussi catastrophique.
Il faut dire qu’à force de développer ce genre de discours, l’opposition agit sur le moral des Algériens et participe indirectement à l’oeuvre criminelle de Daesh qui cherche la faille pour frapper l’Algérie. Et pour cause, un discours défaitiste est de nature à radicaliser une partie de la jeunesse qui se sent rejetée par la société et l’Etat. En cela, les formations du pouvoir se rapprochent de la vérité en accusant une partie de l’opposition de faire le lit du terrorisme. Mais cela autorise-t-il des attaques à ce point frontales, jusqu’à susciter des réactions incendiaires qui participent à la fragilisation du corps social, plutôt que son renforcement? Cette interrogation est de mise, sachant les résultats sur le terrain des passes d’armes hebdomadaires entre les partis du pouvoir et ceux de l’opposition. Il faut savoir, en effet, que de semaine en semaine, l’actualité sécuritaire confirme l’imminence du danger et la nécessaire prise de conscience, alors que nos politiques usent de cette donne sécuritaire comme une arme politique qu’ils se rejettent les uns sur les autres.
Nous en sommes en Algérie à faire la comptabilité des coups et des coups bas entre politiques alors que la région du Maghreb et du Sahel plonge dans une spirale de violence qui s’agrandit irrémédiablement. Une simple évocation des attentats de ces derniers mois apporte à n’importe quel observateur la preuve de la proximité du danger. Des attaques d’hôtels à Bamako au Mali, à Ouagadougou, au Burkina Faso et pas plus tard qu’avant-hier en Côte d’Ivoire sont signées par la même organisation dirigée par le sinistre Mokhtar Belmokhtar, le même qui a fomenté l’attaque de Tiguentourine. L’impression que le danger s’éloigne est bien entendu fausse. L’Aqmi est présente au Sahel et prépare certainement un méga attentat en Algérie. Les groupes de Daesh qui ont déjà frappé plusieurs fois en Tunisie, à Tunis, Sousse, Carthage et très récemment à Ben Guerdane caressent le même rêve criminel d’attaquer l’Algérie. Les deux organisations ont, à maintes reprises signifié leur détermination à atteindre leurs objectifs. Il est clair que l’ANP a réussi à rendre quasi étanches les frontières du pays, mais les observateurs notent qu’aucune armée au monde ne saurait déjouer tout le temps et tous les plans d’attaques terroristes. Cela les amène à conclure que la question de savoir si l’Algérie sera ciblée par un attentat ne se pose plus.
La question est: quand cela interviendra-t-il? Quelle sera la riposte de la société pour dépasser le drame?La réponse à la deuxième question est dans la posture de la classe politique face au danger qui guette le pays. En poursuivant les attaques et contre-attaques stériles entre les représentants du pouvoir et ceux de l’opposition, la scène nationale ouvrira une brèche qu’il sera difficile de refermer, si par malheur la nation est frappée au coeur. Aussi, il est plus qu’urgent que les partis politiques oublient leurs querelles stériles et se rassemblent effectivement autour d’un objectif commun, celui de faire bloc contre le risque terroriste qui est imminent. Voeux pieux?