Depuis l’assaut de l’armée contre les sit-in des pro-Morsi, c’est la bataille des chiffres sur le nombre de morts entre les autorités égyptiennes et le mouvement des Frères musulmans.
Une polémique que viennent alimenter les familles des victimes qui accusent les autorités sanitaires, documents à l’appui, de trafiquer les documents relatifs au décès de leurs proches afin qu’ils ne soient pas comptabilisés parmi les victimes de la répression.
Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, au moins 623 personnes ont été tuées le 14 août. Des chiffres contestés par le mouvement islamiste qui parle lui de 2 200 morts et de plus de 10 000 blessés. La plupart des cadavres sont toujours entassés dans la Mosquée Eman du Caire.
Les familles attendent que des autorisations d’enterrement leurs soient délivrées pour qu’elles puissent procéder aux funérailles. Ces documents sont pour l’instant délivrés au compte- gouttes. En outre, sur les réseaux sociaux, des témoignages circulent selon lesquels les autorités falsifieraient ces certificats, omettant la cause de la mort, pour que les cadavres ne soient pas comptabilisés dans les chiffres de la répression.
Des preuves accablantes attestent de pareilles accusations, confirmant au passage le caractère génocidaire de l’armée égyptienne tombée sous la coupe d’un général qu’aucun crime ne fait reculer, rien que pour garder ses privilèges strictement matériels.
Pour enterrer leurs morts, les familles des victimes ont besoin d’autorisations d’enterrement. Or, j’ai vu des autorisations où la cause du décès n’était pas mentionnée, ce qui est illégal ! Les familles n’ont ensuite aucune preuve que leur proche est mort suite à la répression du sit-in.
Car selon ces certificats, il pourrait s’agir d’une mort naturelle. Beaucoup de familles affirment également qu’on les a obligés à signer sur des certificats de décès [document signé par un médecin et que la famille doit également signer, contrairement à l’autorisation d’enterrement] qui attestaient que la victime était morte par accident, ou avait commis un suicide.
Une chose est sûre : le chiffre donné par le ministère ne correspond pas à la réalité du nombre de victimes. Le problème c’est que les Frères musulmans de leur côté sortent des chiffres qui ne sont pas non plus vérifiables.
Par ailleurs, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu’Israël se trouvait derrière la destitution en Égypte par l’armée du président Mohamed Morsi. « Vous savez ce qu’on dit en Égypte, que la démocratie ne se fonde pas sur les urnes.
Qui se trouve derrière cela : Israël », a déclaré Recep Tayyip Erdogan à Ankara lors d’une réunion de son parti, issu de la mouvance islamiste, de la justice et du développement (AKP).
Erdogan a étayé sa thèse en affirmant que lors d’un forum en France avant les élections de 2012 qui ont conduit au pouvoir les Frères musulmans, confrérie à laquelle appartient Morsi, « le ministre (israélien) de la Justice et un intellectuel juif utilisent ces termes: ‘Même si les Frères musulmans remportent les élections, ils n’en sortiront pas vainqueurs, car la démocratie ne repose pas sur les urnes’.
Cette sortie conforte les thèses déjà développées par notre journal dans un éditorial paru dans le courant de cette semaine. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’entité sioniste a déclaré publiquement qu’elle soutenait la junte militaire putschiste en Égypte.
Wassim Benrabah