Ils exigent un changement radical : Les Algériens de France refusent la transition prônée par l’armée

Ils exigent un changement radical : Les Algériens de France refusent la transition prônée par l’armée

Les manifestants dénoncent également les pressions sur les militants de la démocratie en Algérie. Un rassemblement devant l’ambassade d’Algérie à Paris est prévu le 24 mai. 

Les drapeaux algériens ont flotté hier encore haut dans le ciel, place de la République à Paris. Malgré le mauvais temps, les Algériens de la région parisienne ont été très nombreux. Des manifestants sont venus avec leurs propres pancartes. Certains ont griffonné sur des bouts de carton des slogans hostiles au régime. “Nous sommes le pouvoir. Dégage Gaïd. À bas la dictature”, pouvait-on lire sur une affiche brandie par un jeune de la diaspora qui veut en découdre avec les militaires. 

“Nous refusons le coup de force de l’armée. L’Algérie n’est pas l’Égypte”, nous a-t-il dit la mine déterminée. Étudiant à Paris depuis quelques années, notre interlocuteur pense que la poursuite de la mobilisation populaire est  l’unique moyen de sauver la transition démocratique en Algérie. “Nous ne devons pas céder”, a-t-il préconisé. 

Plusieurs associations de l’émigration algérienne en France ont pris part au rassemblement d’hier. L’Union des étudiants algériens de France (UEAF) a mobilisé de nombreux étudiants qui ont participé à l’animation de plusieurs discussions. “Nous nous inspirons de ce que font les étudiants en Algérie. Ils n’ont pas peur de braver le danger et ils continuent à défiler pour changer le pays. Ils sont admirables”, souligne Ali, inscrit depuis deux ans à la Sorbonne.

Mourad, son ami, assure qu’en France aussi, les Algériens ne comptent pas battre en retraite. “Nous serons là chaque dimanche jusqu’à ce que le régime tombe”, promet-il avant de rejoindre un groupe qui chante pour une Algérie libre et démocratique. 

En milieu d’après-midi, la pluie a commencé à tomber sur la place de la République encore noire de monde. Sous leurs parapluies, les manifestants ont continué à chanter. “Dites à Gaïd que je ne voterai pour personne le 4 juillet prochain”, a fredonné une dame en détournant un air musical connu. 

Outre le rassemblement dominical sur la place de la République, le collectif Libérons l’Algérie va organiser le 24 mai prochain un sit-in devant le siège de l’ambassade d’Algérie à Paris. “Il nous faut saisir toutes les opportunités pour dénoncer le pouvoir militaire qui est en train de se mettre en place”, souligne un représentant du collectif. 

Dans un communiqué, le collectif Libérons l’Algérie dénonce le désir du pouvoir actuel d’asphyxier la contestation populaire. “Le pouvoir multiplie les diversions, use de l’intox pour semer la division et emploie des manigances pour tenter d’impliquer le peuple dans une lutte de clans spectaculaire dans la forme, mais futile dans le fond”, remarque le Collectif, qui dénonce, en outre, les arrestations des militants politiques opérées ces derniers temps.

S. L.-K.