Les travailleurs de la Mutuelle assurance algérienne des travailleurs de l’éducation et de la culture (Maatec) ont organisé, hier, devant le siège du ministère des Finances à Ben Aknoun (Alger), un sit-in pour exiger le départ de l’administrateur, “nommé illégalement”, disent-ils, par la commission de supervision des assurances, relevant du ministère de tutelle.
Présent à ce rassemblement, qui a, par ailleurs, réuni plusieurs dizaines de travailleurs, le directeur général de la Maatec, Mohamed Yahiaoui, a déclaré à Liberté que “cette nomination est contraire à la loi. C’est une nomination abusive, car la Maatec fonctionne normalement et nous ne sommes pas en situation de crise. Un administrateur, comme stipulé par la même loi, n’a pas le droit d’avoir la qualité de gestionnaire”.
Selon notre interlocuteur, un commissaire aux comptes ne peut pas siéger dans une mutuelle conformément à la loi 10-01 du 29 juin 2010. En effet, la nomination d’un administrateur, au titre de commissaire aux comptes, intervient en situation de crise. Selon l’ordonnance n°213 de juillet 1995, le ministère des Finances prévoit sa nomination “en situation de péril”. Or, explique M. Yahiaoui, “la Maatec n’est pas en situation de péril. Au contraire, c’est le ministère des Finances qui s’ingère dans la gestion d’une mutuelle autonome et qui est régie par un organigramme comprenant une direction générale, un conseil d’administration et une assemblée générale”.
Interpellant le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, les travailleurs de la Maatec exigent également la réouverture des 200 comptes bancaires “fermés abusivement depuis deux ans”.
À la question de savoir comment la Maatec honore ses provisions et le remboursement de ses sociétaires, M. Yahiaoui a expliqué que “la mutuelle poursuit ses activités normalement, mais, à moyen terme, on sera en difficulté financière”. Il révélera que près de 100 000 sociétaires ne sont pas encore payés à cause de la fermeture des comptes de la Maatec. “Non seulement on fait face aux difficultés quotidiennes en puisant dans nos reliquats, mais nous avons un réseau de 80 agences, 4 directions régionales et 350 collaborateurs qui sont en difficulté, notamment à cause des lourdes charges et du remboursement de nos sociétaires”, a développé encore M. Yahiaoui. Au bord de l’asphyxie, la Maatec, comme l’indique notre interlocuteur, “paye à la base à la fois ses charges et ses sociétaires.
On ne peut plus continuer comme ça”. Selon la même source, d’autres sit-in seront organisés dans le Grand-Alger, alors que d’autres mouvements de contestation seront programmés, dans les jours à venir, à travers plusieurs wilayas, pour exiger le départ dudit administrateur et la réouverture des comptes bancaires de la Maatec. “Les pouvoirs publics doivent savoir que seules les mutuelles peuvent résister à la crise.”