Les travailleurs de l’Entreprise des transports urbains et suburbains d’Alger (Etusa) sont entrés en grève ouverte depuis hier pour appeler leur direction ainsi que la tutelle à regarder avec sérieux et justice leurs préoccupations.
Ils étaient quelques centaines de travailleurs entre conducteurs de bus, de tramway, receveurs et autres à entamer le mouvement de protestation par un rassemblement durant plusieurs heures devant le siège de la Centrale syndicale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).
Trouvés sur place, plusieurs travailleurs nous ont expliqué l’injustice ainsi que l’état de nondroit qui règnent au sein de cette entreprise. «Nous sommes victimes du favoritisme, d’exploitation, du piston et du pourrissement qui sont les règles sacrées de cette entreprise», clame l’un des protestataires. Pour Hocine, quinquagénaire qui travaille depuis 1981 : «rien n’a changé. Pendant ma carrière mon salaire de base est passé de 11 000 à 12 000 DA.
Nous travaillons six jours sur sept et bien que la loi nous donne droit à un mois de congé, l’entreprise ne nous accorde que 15 jours», a-t-il déclaré tout en nous montrant sa fiche de paie. Pour un autre groupe de receveurs dont le salaire de base est de 10 000 DA c’est un autre problème qui se pose : «nous ne sommes pas protégés avec les clients. On fait face à plusieurs formes de dangers et de menaces.
Mais on ne peut dénoncer cela nulle part», fulmine l’un des receveurs tout en soulignant que le syndicat de l’entreprise censé défendre les droits des travailleurs porte malheureusement une double casquette qui l’empêche de jouer pleinement son rôle : «nous avons un porte-parole deux en un, il est à la fois syndicat et …patron», ironise Nadir faisant allusion à une activité syndicale qui ne représente pas les intérêts des travailleurs.
D’autres témoignages font état des conditions de travail dérisoires et des comportements abusifs vis-à-vis des travailleurs avec le principe du favoritisme et du piston.
Pendant leur rassemblement, les protestataires ont brandi des banderoles sur lesquelles on peut lire «Halte à la hogra», «Pour le départ du secrétaire général de l’Etusa» ou «SOS le président de la République».
Pour sa part, Mohamed Kherroubi, porte-parole des travailleurs de l’Etusa fait savoir que plusieurs mouvements de protestation ont été déjà observés par les travailleurs pour améliorer les conditions de travail dans cette entreprise mais en vain.
Durant la dernière protestation en date, les travailleurs grévistes ont eu la promesse d’être convoqués dans les délais les plus brefs et puis rien ! explique M. Kherroubi. Et d’ajouter que les travailleurs ne comptent pas cette fois-ci faire marche arrière à propos de leurs doléances et que le mot d’ordre de grève est maintenu jusqu’à satisfaction de leurs doléances.
Outre les revendications socioprofessionnelles, la même source ajoute qu’il est exigé aussi «le départ du directeur général et du secrétaire général du syndicat d’entreprise» et de s’interroger sur le refus de la direction générale d’appliquer la convention collective des travailleurs de l’entreprise, bafouée depuis 1997 ainsi que celle du SNMG.
À noter enfin qu’en cas d’une réponse défavorable de la part de la direction de l’Etusa, les protestataires comptent durcir le ton en paralysant la totalité du transport qui est maintenant en service minimum.
Y.A.