Ils envisagent de puiser dans leur réserves de pétrole,Londres et Washington «bluffent» le baril

Ils envisagent de puiser dans leur réserves de pétrole,Londres et Washington «bluffent» le baril

Le Brent a failli descendre sous la barre des 120 dollars

Des informations concernant un éventuel recours par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis à leurs réserves stratégiques ont provoqué un recul de 4 dollars des cours de l’or noir.



Rumeur ou coup de bluff? Peu importe, le «message» soigneusement répercuté par la presse a eu l’écho escompté sur le marché pétrolier. Le Brent de la mer du Nord a accusé, jeudi, jusqu’à 4 dollars de perte à Londres suite à des informations persistantes concernant un éventuel recours par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis à leurs réserves stratégiques de pétrole. «Les prix du baril ont lourdement trébuché après la diffusion d’informations de presse évoquant un accord de principe entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis pour mettre sur le marché des barils issus des stocks stratégiques» a indiqué l’analyste du courtier Sucden Myrto Sokou.

Le Brent a failli descendre sous la barre des 120 dollars en cédant jusqu’à 4 dollars. Il s’est stabilisé à 120,97 dollars, son plus bas niveau depuis février. La chute était moindre à New York. Le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) pour la même échéance lâchait 31 cents pour terminer à 105,12 dollars. L’information finalement démentie a permis au marché pétrolier de limiter la casse. «Les informations faisant état d’un accord (entre Etats-Unis et Royaume-Uni) sont inexactes; nous consultons régulièrement les Britanniques sur les questions énergétiques et toutes les discussions que nous avons pu avoir se sont déroulées dans ce cadre…

Nous allons continuer de surveiller la situation et de consulter le Royaume-Uni et d’autres pays», a déclaré un responsable de l’administration américaine, à l’AFP, sous le sceau de l’anonymat. Washington et Londres, même s’ils ne le disent pas ouvertement, doivent craindre une pénurie durable de la demande de pétrole. «Les exportations de pétrole iranien pourraient être réduites d’au moins un tiers à partir de mi-2012, avec une chute comprise entre 0,8 et 1 million de barils par jour (mb/j) due aux sanctions internationales» a indiqué, mercredi, un rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis envisagent de recourir à leurs réserves stratégiques pour pallier la défection d’un pays producteur de pétrole. Ce fut le cas lors du conflit libyen. «Nous étudions toutes les options. La question des réserves est l´une d´entre elles…Toutes les options doivent être mises sur la table», avait déclaré le secrétaire général de la Maison-Blanche, William Daley, qui s’était exprimé, le 6 mars 2011, sur la chaîne de télévision NBC.

Le recours aux réserves stratégiques pour tenter de juguler la hausse irrésistible des prix de l´or noir qui ont franchi, le 4 mars 2011, la barre des 104 dollars à New York, a été évoqué une semaine auparavant.«Afin d´atténuer les effets d´une perturbation forte et prolongée», avait souligné le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner.

Un recours restreint aux 727 millions de barils de réserves stratégiques «peut protéger la sécurité nationale en prévenant ou en réduisant l´impact négatif d´une pénurie de pétrole», avait écrit, à l’époque, le sénateur Jay Rockfeller, dans une lettre adressée au président américain, répercutée par une dépêche de l´agence de presse internationale Reuters.

Constat: des prix du pétrole élevés, pratiquement du même niveau en mars 2011 et en mars 2012 ainsi qu’une menace de défection de pétrole iranien au même titre que celui de Libye à la même époque l’an dernier. Des similitudes frappantes. Le projet de Londres et Washington n’est probablement pas qu’un feu de paille…