Ils détiennent encore de nombreux otages,Les terroristes frappent à In Aménas

Ils détiennent encore de nombreux otages,Les terroristes frappent à In Aménas

Un nouveau groupe terroriste se revendiquant d’Al Qaïda a attaqué, hier, le complexe de traitement de gaz naturel de Tiguentourine, située à une quarantaine de kilomètres de la ville d’In Aménas. Le bilan officiel fait état de deux morts, un ressortissant britannique et un Algérien, et de six blessés. Le groupe dit détenir 41 otages étrangers. Alger rejette toute négociation.

Al Qaïda a attaqué là où l’on s’y attendait le moins. Hier, aux aurores, des dizaines de terroristes fortement armés ont lancé une opération dans la région d’In Aménas contre le complexe de traitement de gaz naturel de Tiguentourine du consortium British Petroleum, Statoil et Sonatrach. Scindés en plusieurs groupes, les «djihadistes » attaquent plusieurs objectifs. Ils tendent en premier lieu une embuscade à un bus transportant des travailleurs expatriés qui se dirigeait vers l’aéroport d’In Aménas. Les gendarmes chargés de la sécurisation du convoi ripostent.



Le bilan officiel de cette première attaque fait état du décès d’un ressortissant britannique et d’un Algérien. Six blessés sont également à déplorer, quatre étrangers et deux Algériens. Le convoi poursuit sa route à destination de la ville d’In Aménas. Presque simultanément, les autres groupes lancent des offensives contre les installations du complexe de traitement de gaz naturel, la base-vie principale du consortium et les bases-vie des sociétés sous-traitantes. Les forces de l’ordre chargées de la sécurisation de ce site stratégique semblent dépassées par l’ampleur de l’attaque.

Des tirs nourris d’armes automatiques sont entendus durant les premières heures de la matinée. Mais l’opération se transforme très vite en une gigantesque prise d’otages. Les terroristes procèdent à un tri des travailleurs, leur objectif étant de regrouper l’ensemble des expatriés. Quelques dizaines d’employés algériens sont relâchés en fin de matinée. Au courant de la journée, British Petroleum rend public un communiqué dans lequel elle fait état d’un «incident» sécuritaire à Tiguentourine. La wilaya d’Illizi annonce, via l’APS, la présence d’une «vingtaine» d’étrangers entre les mains des ravisseurs. C’est à travers des médias électroniques mauritaniens, canal médiatique traditionnel des «djihadistes, que le groupe terroriste revendique cette action. Celui-ci, créé par Mokhtar Belmokhtar, déclare s’appeler «les signataires par le sang», en hommage aux organisateurs de la prise d’otages de l’Airbus d’Air France en 1995. Il dit également détenir 41 ressortissants étrangers : des Américains, des Britanniques, des Norvégiens, des Japonais et des Français.

Les membres de cette nouvelle organisation expliquent ne plus faire partie d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) mais revendiquent cependant allégeance à l’organisation- mère, Al Qaïda. Le communiqué remis à la presse mauritanienne précise que les assaillants proviennent du Nord-Mali. Sur le terrain des opérations, les forces armées algériennes se positionnent autour du site de Tiguentourine.

L’objectif étant d’empêcher les terroristes de quitter la zone avec des otages. En fin d’après-midi, des informations faisaient état de l’amorce d’un processus de négociations. Information confirmée vers 18 heures par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. Dans une intervention télévisée, Daho Ould Kablia a expliqué que les ravisseurs ont exigé la mise à disposition de «véhicules», afin de leur permettre de «sortir du territoire algérien avec les otages». Le ministre annonce publiquement le refus des autorités algériennes de négocier avec les «signataires par le sang». Selon lui, ce groupe ne provient ni du Nord-Mali, ni même de Libye dont les frontières se situent à proximité. «C’est un groupe qui est probablement constitué d’individus originaires de la région.» Pourtant, certains témoins présents lors de l’attaque affirment que les assaillants avaient des accents tunisien, égyptien et libyen. Mais face aux caméras de la télévision officielle, Daho Ould Kablia a voulu se montrer rassurant : «Il n’y a pas lieu de s’affoler, cette action terroriste ne représente pas de risque pour la sécurité du pays.»

T. H.