Les électeurs algériens ne peuvent voir des députés et sénateurs accueillant les citoyens dans leurs bureaux ouverts dans les localités où ils ont été élus, écouter leurs doléances et prendre en charge leurs préoccupations que dans des films américains et d’autres pays.
Combien parmi les algériens ont rêvé que ceux pour lesquels ils ont voté fassent preuve d’autant de gratitude, en tenant les promesses faites avant le vote ? Très nombreux. Très nombreux sont alors les déçus et très nombreux ceux qui risquent de ne pas se présenter devant les urnes le 10 mai prochain
«Le sénateur vous reçoit dans son bureau, monsieur». La phrase a été entendue par de nombreux Algériens, mais à partir d’un poste téléviseur diffusant un film pas forcément de fiction. «Personne n’est dans son bureau», entend par contre souvent l’algérien quand il demande à rencontrer un responsable ou un élu. Et s’il demande «je peux revenir demain ?» il s’entend répondre «je ne vous promets rien».
Pourtant, l’actuelle campagne électorale, comme les précédentes, ne manque pas de promesses faites par des candidats qui, une fois élus, oublient tout, sauf de changer leur numéro de téléphone pour ne pas être dérangés par leurs électeurs.
L’Etat algérien, lui, ne semble pas avoir pris en considération cet aspect pourtant des plus importants. Au vide juridique, selon une juriste, en matière d’obligation aux députés et sénateurs d’ouvrir des bureaux et autres permanences dans les localités où ils ont été élus pour être à l’écoute des administrés, s’ajoute un autre aspect qui n’encourage pas cette pratique démocratique qui fait défaut à de nombreux élus.
Comment croire le contraire quand on sait que nombre de parlementaires élus dans des localités de l’intérieur du pays sont pris en charge par l’Etat sous différentes formes d’aides (dont une prime d’hébergement) à Alger, au lieu de les inciter à rester sur place pour défendre les intérêts des administrés qu’ils disent représenter ?
La prime en question avait, rappelle-t-on, été décidée dans les années 1990 pour mettre élus et fonctionnaires, dont ceux des délégations exécutives communales (DEC) et du conseil national transitoire (CNT) à l’abri de tentatives d’assassinat perpétrées par le GIA. Il est vrai que nombre parmi ces élus et fonctionnaires ont, malheureusement, été assassinés par les terroristes. Aujourd’hui, cette mesure sécuritaire semble être sortie de son cadre puisque accordée, cette fois, dans le cadre des privilèges pour ceux qui fuient leurs électeurs qu’ils devraient pourtant représenter, puisque élus par eux.
Si, dans les années 1990, de nombreux élus fuyaient les terroristes, d’où le caractère salutaire de l’octroi de primes d’hébergement, aujourd’hui, de nombreux élus fuient ceux qu’ils sont censés représenter au parlement.
Généralement, un élu ne revient dans sa localité que pour mener une nouvelle campagne électorale pour un deuxième mandat. Comme certains partis politiques qui ne s’adressent au peuple qu’à chaque rendez-vous électoral.
M. A.