Ils demandent leur titularisation et menacent de boycotter les législatives,Sit-in des travailleurs du préemploi à Alger

Ils demandent leur titularisation et menacent de boycotter les législatives,Sit-in des travailleurs du préemploi à Alger

Les contractuels du préemploi affiliés au Syndicat national d’administration autonome des personnels (SNAPAP) se sont rassemblés hier au niveau de la Grande Poste à Alger pour exiger leur adhésion définitive aux structures qui les ont recrutés. Ayant eu recours aux débrayages depuis plus de deux ans en raison du refus de certaines administrations de les «permaniser» au sein de leurs structures, ils reviennent une fois de plus à la charge pour exiger leurs droits.

«Le ministère du Travail ne fait pas son travail, il nous ferme la porte lorsqu’on désire soumettre nos doléances et refuse de trouver une solution à la précarité de notre situation», nous dira l’un des grévistes.

Les candidats au préemploi qui prennent attachent avec l’ANEM pour faire l’intermédiaire entre une entreprise et le postulant sont recrutés par l’entreprise comme stagiaires.

Selon la loi et la convention signée entre l’ANEM et l’Etat, l’employeur qui recrute un candidat du préemploi doit le titulariser au bout de deux ans.

Cependant, certains employeurs ne respectent pas la loi et la contournent en licenciant les travailleurs au bout de deux ans en prétextant qu’ils n’ont pas donné satisfaction. «Nous faisons exactement les mêmes tâches que le personnel titularisé, sans pour autant avoir les mêmes avantages et sans être recrutés à la fin de notre contrat de durée déterminée», s’indigne l’un des grévistes. Après deux ans de recrutement,

ces derniers se retrouveront une fois de plus au chômage, solliciteront à nouveau l’ANEM qui leur trouvera ou non un poste pour se retrouver une énième fois de plus au chômage, un cercle vicieux qui n’est pas près de s’arranger. Ces grévistes ont demandé à plusieurs reprises à être reçus par le ministre du Travail qui, selon eux, a refusé de les recevoir car il ne les reconnaissait pas en tant que travailleurs.

Les pouvoirs publics promettent chaque année aux travailleurs du préemploi de les intégrer et de les titulariser dans les organismes recruteurs, mais en vain. Ils leur auraient promis de régler la situation pour apaiser les esprits sans pour autant apporter des solutions concrètes.

La plupart de ces employés sont payés moins que le salaire minimum garanti même après la révision à la hausse du salaire de base qui n’a pas été appliqué par certaines sociétés.

Selon leur qualification, les employés issus de l’ANEM reçoivent des salaires ne dépassant pas les 15 000 DA et avoisinent dans certains cas les 6000 DA seulement. «Certains d’entre nous étaient payés uniquement 3000 Da et l’Etat nous a augmenté à 6000 DA, ce qui reste très insuffisant», relève l’un d’eux. Certains seraient restés des années sans recevoir le moindre sou et se demandent ce que l’Etat fait en direction des jeunes en Algérie, pays qui est devenu «un cimetière pour les jeunes».

Les grévistes qui sont titulaires de diplômes universitaires estiment que le travail est un droit et interpellent les pouvoirs publics pour améliorer leur situation en donnant comme argument la validité de leurs diplômes et la fiabilité des universités algériennes. «Si l’Etat ne croit plus à l’université algérienne,

il n’a qu’à la fermer», nous dira un des gréviste. Les mêmes grévistes comptent se rassembler à nouveau le 3 mai prochain devant le siège de l’UGTA à Alger pour soutenir Abdelkader Kherba, membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), condamné le 26 avril 2012 par le tribunal de Sidi Mhamed à 3 ans de prison ferme pour

«incitation directe à attroupement». Les grévistes menacent d’organiser un autre sit-in le 10 mai prochain, coïncidant avec les législatives, pour marquer le coup, au cas où le gouvernement ne répond pas favorablement à leur requête. «On ne votera pas le 10 mai prochain, puisque nos droits sont bafoués et que l’Etat nous a abandonnés», nous dira l’un des syndicalistes.

Cylia Lateb