«La coopération internationale demeure essentielle contre le terrorisme»
Le retour de ces hommes est une grave préoccupation, ils sont équipés d’armes lourdes, de missiles et de centaines de véhicules.
Les inquiétudes du représentant spécial de l’ONU, Saïd Djinnit, concernant le retour de combattants maliens de Libye ayant assisté les forces du colonel El Gueddafi, s’avèrent fondées. A peine ont-ils franchi le sol malien qu’une embuscade a été perpétrée contre un véhicule transportant des militaires maliens. Un militaire usant de son arme pour riposter sera aussitôt assassiné. L’attaque a eu lieu au nord du Mali. «Des hommes armés ont tendu dimanche une embuscade, tué un militaire de l’armée régulière malienne et volé le véhicule à bord duquel se trouvaient quatre soldats et un civil», selon l’AFP.
«Les hommes armés ont fait descendre le propriétaire du véhicule et les quatre militaires, mais quand l’un d’eux a voulu riposter, il a été mitraillé», a ajouté la même source. Une série d’incidents similaires secouent depuis plusieurs semaines le nord du Mali, qui vient d’enregistrer le retour de pas moins de 400 hommes armés à bord de 80 véhicules de la Libye. A ce propos, Saïd Djinnit avait déclaré: «Le retour de ces hommes ayant combattu en Libye est une grave préoccupation, ils reviennent avec des armes lourdes, des missiles, des convois de centaines de véhicules, dont des 4X4 pick-up équipés d’armes, qui circulent librement dans le nord du Mali.» Il précise: «Il y a des acheteurs potentiels pour ces armes, Al-Qaîda au Maghreb islamique, les réseaux de drogue, et on sait qu’il y a de plus en plus de passerelles entre les deux.»
Cette attaque coïncide avec le déplacement, depuis le 15 du mois courant, du ministre français chargé de la Coopération, Henri de Raincourt, au Mali. Le diplomate français, qui a dû rencontrer les autorités maliennes, ne manquera pas d’aborder les questions relatives à la coopération régionale en matière de sécurité dans la zone sensible du Sahel.
Tout en rappelant l’engagement de la France, aux côtés des Européens et des États concernés, dans la lutte contre le terrorisme, le ministre français a souligné que la France encourage le développement de la coopération décentralisée et la reconnaissance du rôle majeur des autorités locales en la matière.
Le terrorisme a toujours réussi à trouver refuge et asile dans des zones frappées particulièrement par la pauvreté d’où il puise d’ailleurs, des soutiens en profitant des situations sociales précaires. Mais le phénomène, de plus en plus grandissant au niveau de la zone sahélo-sahélienne, est attisé par les crises politiques qui caractérisent notamment le nord de l’Afrique comme c’est le cas en Libye.
Il s’est, en effet, amplifié depuis l’éclatement de la crise en Libye et il demeure encouragé par les interventions continues de l’Otan, dont il n’est plus à démontrer que cette dernière a outrepassé la résolution de l’ONU. La coopération décentralisée dont, il faut le rappeler, l’initiative revient à l’Algérie bien avant le conflit libyen, constitue dans ce contexte une stratégie contre le terrorisme et qu’il faut asseoir sur une base de données et d’échange de renseignements.
Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, dans la lutte contre le terrorisme Soumeylou Boubèye Maïga, avait indiqué il y a quelques jours que «la coopération internationale demeure essentielle, tant le phénomène, ses effets et les actions à engager dépassent les limites de la compétence d’un seul Etat…»
Et d’ajouter en assurant que le Mali est résolu et reste déterminé à poursuivre tous les efforts de nature à lutter contre le fléau: «Une lutte efficace contre le terrorisme, passe non seulement par une détermination individuelle de chaque Etat, mais aussi et surtout, par une politique sécuritaire commune au plan international et sous-régional.»
Pour rappel, ces déclarations ont été faites mardi dernier lors de l’ouverture de la réunion des experts gouvernementaux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) portant sur le projet de stratégie de contre-terrorisme, son plan de mise en oeuvre et le projet de déclaration politique contre le terrorisme.