Notre pays est devenu un marché porteur en matière de médecine parallèle fondée essentiellement sur la religion.
De plus en plus d’Algériens, tout âge et sexe confondus, croient aux bienfaits des méthodes de soin prodigués sur la base de textes coraniques et de la Sunna. Les pratiques comme la roquia et la hidjama sont, en effet, de plus en plus répandues dans la société.
Et comme la demande ne cesse d’augmenter, de nouveaux «soigneurs» apparaissent dans différentes localités du pays.
Et ce ne sont pas seulement des Algériens qui occupent le marché ! Même des personnes étrangères tentent de s’introduire en Algérie afin de lancer de grands projets d’investissement dans un créneau devenu, il faut le dire, très porteur.
A la mi-décembre dernier, les services de sécurité ont arrêté le Jordanien Mohamed Rached Al-Hachemi qui était venu lancer des «cliniques» à Alger. La veille de son arrestation, ce prétendu guérisseur «miraculeux» avait fait la Une d’un journal arabophone où il expliquait ses méthodes et vantait les «succès» réalisés en différents coins de la planète, même en Europe et en Amérique ! Il promettait de mettre fin à la souffrance des Algériens dans le domaine de la santé publique en guérissant toutes les maladies, y compris le diabète, le cancer et le…sida. A travers sa chaîne de télévision spécialisée Al-Hakika, ce «magicien» a pu conquérir les cœurs et esprits des centaines de milliers de personnes dans les pays arabes. Après s’être assuré que les Algériens suivaient en grand nombre, ses programmes, le fameux «docteur» a acquis la certitude quant à la réussite de ces projets d’investissement. Alors que des malades vivent le calvaire en raison du manque de médicaments appropriés et l’incapacité des structures hospitalières publiques à répondre à la forte demande en matière de prise en charge, M. Al-Hachemi a indiqué que ses cliniques permettraient de mettre fin à cette longue souffrance. Sur les sites de socialisation, des milliers d’internautes ont reçu la nouvelle de l’arrivée de ce «médecin» avec beaucoup d’enthousiasme. Certains commençaient même à poser des questions sur l’adresse des centres de soin pour s’y rendre.
Or, il s’est avéré que ce titulaire d’un faux diplôme en médecine parallèle, délivré par une université américaine qui n’existe que sur papiers, avait déjà arnaqué plusieurs personnes aussi bien en Algérie que dans certains pays européens.
En Algérie, des citoyens avaient déposé plainte contre lui, affirmant qu’il leur avait soutiré des sommes allant de dix à trente millions de centimes pour des séances d’exorcisme (roquia) ou des plantes médicinales. Alors qu’il était à l’aéroport international Houari-Boumediene, M. Al Hachemi a été arrêté et conduit à la prison d’El-Harrach.
Le «docteur miracle» faisait même l’objet d’un mandat d’arrêt lancé à son encontre par Interpol. Si les projets de ce faux guérisseur ont été avortés, des milliers d’«investisseurs» nationaux dans ce créneau sont toujours en activité et exercent en toute liberté sans être nullement dérangés. Avec la crédulité sans cesse croissante qui se répand parmi les Algériens, il semble que le charlatanisme menace de prendre des proportions plus alarmantes encore dans notre société…
M.F