Regroupés à Boufarik depuis avant-hier dans un champ libre qui leur sert de camp, les gardes communaux affirment maintenir la pression sur les autorités en organisant demain une autre marche vers Alger, et déplorent «l’absence totale des organisations humanitaires, notamment celle du Croissant-Rouge algérien (CRA)» face à la précarité de leur situation.
Contacté, Aliouat Lahlou, délégué national et représentant de la wilaya de Bouira, dira qu’ils sont quelque «8 000 gardes communaux à se trouver dans ce camp à même la nature, en cette deuxième journée de ramadhan». Relevant que ce chiffre est appelé à «se renforcer» avec l’arrivée attendue d’autres «collègues», notamment ceux de Béjaïa.
Ces derniers, poursuivra-t-il, vont en effet rejoindre la protestation à Boufarik pour contester la décision de leur désarmement par leur hiérarchie suite à des rassemblements observés mercredi et jeudi à Béjaïa.
En outre, notre interlocuteur fera part des «conditions de vie très difficiles dans lesquelles se trouvent les 15 000 à 20 000 gardes communaux qui depuis le 26 juin dernier ont quitté leurs familles pour mener cette protestation. Nous sommes extrêmement fatigués». «Et ce, sans parler du fait que l’Etat a bloqué nos salaires», ajoutera-t-il.
A ce sujet, il déplorera «l’absence totale des organisations humanitaires, notamment celle du Croissant-Rouge algérien (CRA), qui n’ont pas daigné venir s’enquérir de notre situation, malgré les moyens dont elles disposent». De ce fait, rassemblés depuis jeudi dernier à Boufarik après avoir été empêchés par les services de sécurité de gagner la capitale à pied, par l’autoroute Blida-Alger, les gardes communaux, «plus que jamais déterminés» se préparent à marcher, une troisième fois vers Alger.
«On veut entrer à Alger tôt ou tard. Blida c’est fini. On ne peut même pas y retourner car le siège de la délégation est actuellement occupé par les éléments de la police antiémeute». Dans ce contexte, il soulignera que la Gendarmerie nationale a retiré les barrages qu’elle avait dressés sur la route menant à Alger «vers 2 ou 4 heures du matin».
Dans cet ordre d’idées, il fera savoir que contrairement au 9 juillet dernier, les gardes communaux, lors de la marche prévue aujourd’hui, «ne tenteront pas de franchir les barrages dressés par la Gendarmerie nationale». Revenant sur leur détermination à marcher vers la présidence, les gardes communaux affirment être prêts à passer le mois de ramadhan «dans ce campement, tant qu’il n’y a pas de réponses satisfaisantes à nos revendications».
Ajoutant que face au mutisme total des autorités concernées par leurs dossiers, ils réclament l’«implication» du président de la République pour la régularisation de leur situation et la satisfaction de leurs revendications principales, qui sont la révision de leur grille des salaires et de la prime de la retraite anticipée, avec les indemnités (matérielles et morales) dans le cas de dissolution de leur corps.
ls demandent aussi des dédommagements pour les heures supplémentaires avec effet rétroactif à partir de la date de leur installation, en plus des droits au logement et aux soins, à l’instar des autres corps de sécurité.
De ce fait, les gardes communaux ne manqueront pas de qualifier d’«humiliantes» les mesures prises pour la prise en charge de leur retraite : «Les nouvelles promesses pour notre retraite sont humiliantes à l’encontre de gens qui ont passé leur vie au maquis pour protéger le pays et le peuple. On veut un statut digne et surtout l’implication officielle du président de la République. On exige qu’il nous parle, une manière de reconnaître nos sacrifices et nos revendications».
A propos de revendications, les gardes communaux, rappelons-le, veulent un statut, une réduction des horaires de travail, les mêmes privilèges et la même possibilité d’accès à la gratuité de soins que les autres corps de sécurité, la majoration de leurs soldes ainsi qu’une reconnaissance morale pour services rendus à la nation.
Lynda Naili Bourebrab