Ils amassent des fortunes colossales et mettent en péril l’économie nationale, Les seigneurs de la contrebande

Ils amassent des fortunes colossales et mettent en péril l’économie nationale, Les seigneurs de la contrebande

Le spécialistes avancent la possibilité d’aligner les prix du carburant en Algérie au même niveau que ceux pratiqués au Maroc et en Tunisie. «C’est la solution valable pour assécher les hallaba.»

De la semoule, de la poudre de lait, des centaines de millions de litres de carburant, de la farine, des dattes, du sucre, du café, des légumes secs, du cheptel et même des chardonnerets, tout passe au-delà des frontières.

De véritables nababs règnent en maîtres absolus sur les frontières est, ouest et sud. Ils amassent des fortunes colossales et minent l’économie nationale. Les produits qui traversent la frontière sont tous subventionnés par l’Etat.

La traque sans relâche par les gardes-frontières et les éléments de l’Armée de ces contrebandiers et les saisies opérées chaque jour renseignent sur l’ampleur du drame qui ronge le pays.

En 24 heures, plus de 100 contrebandiers ont été arrêtés, au niveau de plusieurs régions frontalières du pays, par des éléments de l’ANP qui ont également saisi des quantités de carburant et de drogue, ainsi que différents objets destinés à la contrebande, indique le ministère de la Défense nationale dans un communiqué.

«Dans le cadre de la sécurisation des frontières et de la lutte contre la criminalité organisée, un détachement de l’Armée nationale populaire relevant du secteur opérationnel d’In Guezzam a appréhendé, le 23 août 2015, 110 contrebandiers lors d’une patrouille près des frontières à Tiririne», rapporte le document du MDN soulignant que cette opération a permis de «saisir deux véhicules tout-terrain, 58 détecteurs de métaux, 15 marteaux-piqueurs, deux groupes électrogènes, 608 grammes de dynamite (…)».

Les communiqués de l’ANP se succèdent et pullulent de chiffres qui donnent froid dans le dos.

Loin de connaître un ralentissement, le phénomène s’aggrave, surtout celui du carburant. Selon le dernier bilan de la Gendarmerie nationale, il a augmenté de 100% durant les six premiers mois de l’année en cours.

On estime que la majorité du parc automobile marocain roule avec du carburant algérien bon marché. Le phénomène a été tel qu’à Tlemcen par exemple, l’artisanat a été réduit à néant.

Nombre d’entre ces artisans se sont transformés en…fabricants de jerricans, un outil très prisé dans cette région du pays. Rien ne semble dissuader cette mafia locale qui, désormais, est en collusion avec les groupes terroristes et les narcotrafiquants.

Car en échange de ces produits subventionnés qui traversent nos frontières, nous recevons de la drogue en centaines de tonnes du Royaume marocain. Parce qu’il y a une demande algérienne, des armes pour les maquis terroristes et des cigarettes contrefaites.

Une véritable saignée pour l’économie nationale qui grève chaque année le budget de l’Etat selon les estimations des spécialistes de près de 30 milliards de dollars! Comment faire, quelle solution proposer pour arrêter ce massacre? Pour de nombreux spécialistes, le traitement militaire de ce phénomène ne réglera jamais le problème.

En revanche, estiment-ils, il faut un règlement politique et économique. Ils avancent la possibilité d’aligner par exemple les prix du carburant en Algérie au même niveau que ceux pratiqués au Maroc et en Tunisie.

«C’est la solution valable pour assécher les hallaba.» Une solution radicale qui aura un coût social.

Le gouvernement a-t-il la force et les moyens d’assumer socialement cette décision? Il n’a pas le choix en ces moments de crise, et c’est dans ce choix obligé que le drame réside.