Ils s’agitent en période électorale, perdent la parole entre les scrutins et deviennent inactifs. Mesdames et messieurs, voici les partis politiques!
Il est vrai que nous sommes en été et qu’il n’y a aucune élection en vue avant octobre, mais ce n’est pas pour autant la vacance du pouvoir. La preuve: Abdelmadjid Tebboune défraie la chronique depuis son investiture et multiplie les coups de gueule et de pied dans les fourmilières. Il crée conseils et commissions à tour de bras, décide, mobilise, étonne, mais reste ouvert, dit-il, au dialogue.
En face, le désert des Tartares ne lui renvoie que le bruissement du sable et le craquèlement des roches portés par les vents étésiens. Après les dernières législatives, les partis politiques ont déserté la scène pour se livrer, à l’abri des tanières climatisées, à la somnolence ou, pour les plus actifs, à des luttes intestines.
L’algarade la plus bruyante du moment est celle qui se déroule au sein du Mouvement populaire algérien qui, comme une figue sèche, semble sur le point de tomber de l’arbre avant même de mûrir. Un drame shakespearien, disproportionné, grandiloquent, s’y joue entre le «dictateur» Amara Benyounès et celui qui l’accuse d’être ainsi, Abdelhakim Bettache, maire d’Alger-Centre; le nouveau «Brutus».Le MPA avait, des semaines auparavant, produit un retentissant coup de théâtre en fournissant au pays son ministre le plus biodégradable: Messaoud Benaggoune qui n’a duré que quarante-huit heures à la tête du Tourisme.
L’autre chapelle où, après des mois de crêpage de barbes, on prie maintenant pour que tout le monde redevienne beau et que tout le monde redevienne gentil, c’est le Mouvement de la société pour la paix. Abdelmadjid Menasra a été récemment élu à sa tête, mais pour une période de six mois seulement. Il cèdera ensuite sa place au récalcitrant Abderrezak Makri qui mènera le MSP, à l’issue de cette singulière partie de chaises musicales, jusqu’à son congrès ordinaire en mai 2018. Entre-temps, il s’est uni au Front du changement et marche sur des oeufs pour ne pas déranger et rompre ainsi le fragile équilibre qu’il vient de rétablir. Il adopte par ailleurs, l’attitude de l’élève sage et docile pour, probablement, espérer un jour retrouver la proximité du pouvoir et jouir de ses cléments auspices.
Pour leur part et après une récente déconvenue électorale, le Front des forces socialistes et le Rassemblement pour la culture et la démocratie se toisent et semblent vouloir en découdre. La Kabylie où se trouve leur plus importante clientèle constitue un enjeu qui va certainement chauffer leurs nerfs et leurs gosiers.
Le nouveau gouvernement aura donc la paix pour un temps et c’est peut-être pour ça qu’il profite de l’accalmie estivale pour mener tambour battant ses affaires. Le Rassemblement national démocratique a préféré quant à lui refroidir l’atmosphère en s’en prenant aux migrants africains. Les propos de son président ont choqué urbi et orbi, mais Ahmed Ouyahia n’est pas à une esclandre près surtout qu’il se place maintenant en deuxième position sur l’échiquier national politique. Il déguste tranquillement son petit yaourt et regarde de haut ceux qui jalousent son plaisir.
Le Front de Libération nationale maintenant! Le mastodonte dont rien n’altère la quiétude à l’image de son secrétaire général qui, jupitérien, déconnecté des inquiétudes et des conjonctures, porte déjà son regard vers des horizons lointains; vers l’élection présidentielle de 2019. Les prochaines élections locales? Bof! C’est déjà dans la poche. Il faut donc préparer le véritable avenir.
Les petits partis, les mouvements microscopiques, les «sanafirs» et autres Schtroumpfs ont cessé totalement leur bourdonnement et nous laissent maintenant profiter du chant bien plus agréable des cigales. Comment leur en vouloir? L’Algérie est un pays beaucoup trop grand et complexe. Il leur pose des problèmes de gestion qui les effraient tant ils sont difficiles à comprendre et pénibles à résoudre.
Vous imaginez! Le chômage, la relance économique, la sécurité, l’environnement, la santé, l’éducation et un tas d’autres tracas sur lesquels il leur faudra réfléchir, puis militer, s’opposer, proposer, mobiliser l’opinion et agir. C’est trop de travail tout ça! Et puis, à quoi sert le gouvernement?
L’opposition en Algérie est une sinécure qui permet de passer à la télé en période électorale, de devenir maire, député ou, avec un peu de chance, ministre. Le don de soi, le sacrifice, le travail désintéressé pour le bien public sont des notions romantiques auxquelles infiniment peu de partisans professionnels croient, eux dont le credo semble être: après moi le déluge!