En l’espace de 3 ans cette organisation a vu la succession de trois responsables à sa tête sans la moindre contestation de la part des militants.
Voulue par ses fondateurs comme un refuge pour tous les militants qui ne se reconnaissaient pas dans le parti (Mtld) de Messali El Hadj et les indépendantistes dirigés par Lamine Debaghine, l’Organisation spéciale (l’OS) constitue de l’avis de nombreux historiens et moudjahidine l’initiatrice effective de la révolution armée contre le colonialisme français.
Hier et à l’occasion de la célébration du 70 ème anniversaire de la création de cette organisation, au siège du quotidien El Moudjahid sur initiative de l’association Mechaâl Echahid, de nombreux témoignages des moudjahidine ayant activé sous l’aile de cette organisation, encore en vie, ont confirmé cette vérité. Elle est l’initiatrice effective de la révolution armée, indique-t-on, pour deux raisons: l’engagement de ses militants dans le travail armé contre le colonisateur français depuis sa création le 16 février 1947 et le fait que les déclencheurs de la guerre du 1er Novembre 1954 étaient tous issus de l’OS.
L’enseignant et chercheur en histoire Djamel Yahiaoui qui a présenté la conférence précédant la séance du débat, dira que l’Organisation spéciale constitue au-delà du fait qu’elle soit une aile armée contre le colonisateur français, une école de l’organisation militaire.
«En l’espace de 3 ans cette organisation a vu la succession de trois responsables à sa tête sans la moindre contestation de la part des militants», a-t-il dit. Après le décès de Mohamed Belouizded qui fut son premier responsable un mois après sa création, la présidence de cette organisation a été confiée normalement à Ait Ahmed lequel passera le flambeau après quelque temps à Ben Bella dans le calme absolu.
L’OS est une école militaire, précise le conférencier, aussi au regard de l’organigramme instauré au sein de ses militants et de son existence en un temps très court à travers tout le territoire national. Plus que cela, l’Organisation spéciale, s’est projetée dès sa création dans le long terme, a indiqué le moudjahid Asla Ramdane. «Elle a opté pour l’organisation selon les sections, une approche militaire ultramoderne à cette époque-là. Ainsi, trois sections ont été créées: la section des artificiers, celle des transmissions et la section de la logistique.», indique-t-il.
Un autre facteur qui confirme que l’OS était une école militaire au sens propre du terme, témoigne pour sa part le moudjahid Mustapha Zerkaoui, est le mode de recrutement de ses éléments.
«Mohamed Belouizded qui a sillonné toute l’Algérie à la recherche des militants pour renforcer les rangs de l’OS, exigeait deux conditions pour l’adhésion. «Il exigeait à ce que les militants désirant y adhérer aient au minimum deux ans de militantisme dans le parti PPA devenu Mtld par la suite et l’acceptation des risques de mort.» Intervenant ensuite, Lahcen Zeghidi, enseignant et chercheur en histoire pour parler du parcours de Mohamed Belouizded. Il précisera que Belouizded a depuis son jeune âge été rebelle et en voulait beaucoup au colonisateur français.
«La haine et l’envie de se venger contre la force coloniale a augmenté chez Mohamed Belouizded, particulièrement après la défaite de la France contre l’Allemagne», souligne-t-il, ajoutant que Mohamed Belouizded natif de Belcourt-Alger, a toujours aimé se déplacer dans toute l’Algérie et discuter avec tous les Algériens.
A noter que l’OS a à son actif de nombreuses opérations armées contre les forces coloniales.
La plus connue est l’opération contre la poste d’Oran. L’OS a été découverte par les services de sécurité français et fut dissoute juste après l’emprisonnement de ses leaders: Ben Bella, Ait Ahmed et Boudiaf. Néanmoins,ses militants ont toujours continué leur travail armé dans la clandestinité jusqu’au déclenchement de la révolution du 1er Novembre 1954.
