Un personnage controversé
On le présente comme un homme de l’ombre, qui entretenait le mystère et cultivait le secret, qualités qui lui avaient permis de diriger le Malg et d’approvisionner les maquis en armes et en munitions durant la guerre de libération.
Personnage très controversé, en raison du mystère qu’il entretenait et surtout du rôle qu’il aurait joué dans l’assassinat de Abane Ramdane, Abdelhafidh Boussouf, alias Si Mabrouk, appartient à la génération de Novembre qui a réussi à damer le pion à l’une des plus grandes forces militaires d’après-guerre.
Désigné à la tête du Ministère de l’Armement et des Liaisons générales, durant la révolution, l’ancien chef de la wilaya V a donné du fil à retordre aux services de renseignements français, grâce aux nombreux réseaux qu’ il avait mis sur pied et qui lui avaient permis de récolter de précieuses informations sur l’ennemi.
Intervenant à l’occasion de la commémoration du 32e anniversaire de sa mort, le colonel à la retraite et ancien compagnon d’armes, Hocine Snoussi qui était, hier, l’hôte du forum d’El Moudjahid, le présente comme «un homme très vigilant et très secret qui savait tout sur les autres, mais rares ceux qui savaient quelque chose sur lui». Qualités qui lui avaient permis de passer entre les mailles des filets des services de renseignements français et de déjouer tous les pièges qu’ils lui avaient tendus.
Reprenant à son compte la déclaration de François Hollande, à propos de la mémoire, l’ancien directeur de Ryadh El Feth est convaincu que même si elle n’est pas toujours bonne à dire, la vérité est nécessaire, voire indispensable pour l’écriture de l’histoire de la révolution. D’emblée, il met en garde ceux qui tentent de semer le trouble dans la mémoire des gens, en s’attaquant aux symboles de la Révolution ou en les dénigrant. «La génération qui s’est mise au service de la Révolution n’est pas comptable des antagonismes et des divergences qui minent actuellement la société et la retardent dans son évolution. De même qu’elle est innocente des accusations portées, à tort, contre elle et contre ceux qui ont donné leur vie pour libérer la mère patrie.» Selon lui, «il existe deux opinions. Celles des personnes qui ont travaillé sous les ordres de Abdelhafidh Boussouf et celles de ceux qui n’ont pas été sous sa coupe et qui ne le connaissent, donc, pas suffisamment. Pour les djounoud ou militants ayant servi sous ses ordres, Si Mabrouk était un patriote modèle. Pour d’autres qui le méconnaissent, leurs opinions diffèrent et varient au gré du temps et des humeurs.» Essayant de cerner son personnage, le conférencier dira qu’il était de nature très méfiant et très vigilant. «Boussouf était un homme très méfiant et très vigilant, c’était dans sa nature depuis qu’il avait décidé de rejoindre les rangs de l’Organisation Secrète.» Vantant les mérites de celui qu’il considère comme l’ancêtre des services de renseignements algériens, Mr Snoussi a confié que «le secret de la Révolution, c’était son cloisonnement.» En guise d’anecdote, il n’hésite pas à faire part de la surprise et surtout de la gêne qu’avait éprouvée Lakhdar Bentobal lorsqu’on lui avait sorti une fiche contenant des informations le concernant. «C’était en Libye, à la garnison Didouche.
En l’inspectant, Bentobal fut surpris d’apprendre qu’il était fiché et avait posé la question à Boussouf pourquoi il était espionné.» Selon l’hôte du quotidien El moudjahid, plus de 120.000 fichiers avaient été dressés et contenaient une mine d’informations dont avait tiré profit la Révolution. Prenant la parole, à son tour, le colonel Badreddine a essayé de dresser un portrait de l’ex patron du MALG, l’ancêtre de la SM, puis de la DRS pour mieux cerner le personnage et surtout le patriote visionnaire qu’il fut. «Il a d’abord, milité au PPA, puis au Mtld et à l’OS, avant de rejoindre le groupe des 22.Il a été l’adjoint de Larbi Ben Mhidi auquel il succéda à la tête de la wilaya V.»