Il y a un An le Rais Égyptien rendait les armes,Moubarak, entre procès historique et comédie judiciaire

Il y a un An le Rais Égyptien rendait les armes,Moubarak, entre procès historique et comédie judiciaire

Le 11 février 2011, Hosni Moubarak remettait le pouvoir à l’armée poussé à la sortie par la révolte des jeunes

Il y a un an jour, pour jour, était emporté le raïs égyptien par une révolte populaire. Son procès, qui traîne en longueur, est devenu un spectacle très peu goûté par le public égyptien.

Ce devait être un procès pour l’Histoire, celui d’un dictateur amené devant la justice par son peuple. Mais la mise en jugement de Hosni Moubarak a souvent donné l’impression d’être mal préparée, et a parfois tourné à la comédie. Dès le début du procès le 3 août, les avocats représentant les victimes présumées de l’ancien président égyptien se sont poussés du col pour apparaître à la télévision, les premières audiences ayant été retransmises en direct. Un homme disant être avocat a ainsi assuré au président du tribunal, Ahmed Refaat, que M.Moubarak était en réalité mort et que l’homme couché sur une civière dans le box des accusés était un sosie, en exigeant des tests ADN. Un autre a profité d’une suspension d’audience pour se déclarer candidat à la présidence, en promettant de légaliser le haschich et même d’en exporter. Mais au-delà de l’anecdote, les familles des quelque 850 personnes tuées pendant la révolte qui a renversé M.Moubarak le 11 février 2011 ont été choquées de constater que le dossier du Parquet contre l’homme qui a dirigé l’Egypte d’une main de fer pendant 30 ans n’était pas aussi complet qu’espéré. M.Moubarak, son ministre de l’Intérieur Habib el-Adly et six anciens hauts responsables de la sécurité sont accusés d’avoir ordonné de tirer à balles réelles sur les manifestants pendant les 18 jours du soulèvement qui a contraint l’ancien chef d’Etat à démissionner. Le Parquet a demandé que la peine capitale soit appliquée, affirmant à la cour avoir constitué un dossier solide contre lui. Mais les procureurs, serrés derrière un bureau dans la salle, ont vu leurs propres témoins blanchir M.Moubarak et ses collaborateurs. L’un des témoins, un officier de police, a affirmé avoir reçu l’ordre de traiter les manifestants comme des frères. Plusieurs autres ont dit qu’ils avaient eu pour instructions de ne pas porter d’armes pendant les rassemblements. Avant chaque audience, M.Moubarak, 83 ans, le teint blême et apparemment dégoûté par le spectacle, descend couché sur une civière d’une ambulance pour assister à son procès, se tenant dans l’école de police qui portait autrefois son nom. Ses fils Alaa et Gamal, jugés en même temps que lui, doivent répondre d’accusations de corruption. La démission de M.Moubarak et son départ pour sa villa de la station balnéaire de Charm el-Cheikh avaient un temps apaisé les Egyptiens. Mais très vite les manifestants sont redescendus dans la rue pour exiger qu’il soit jugé. Après des heurts entre l’armée, au pouvoir depuis sa chute, et les manifestants en avril au Caire, le Parquet général a ordonné que l’ancien président soit interrogé. Quelques jours plus tard, M.Moubarak et ses fils étaient placés en détention préventive et un mois plus tard, ils étaient déférés devant la justice. Presque chaque étape menant au procès a coïncidé avec une grogne croissante contre l’armée, dont M.Moubarak est issu. La semaine dernière, sur fond de manifestations meurtrières contre le pouvoir militaire, le gouvernement a indiqué que M.Moubarak serait transféré de l’hôpital militaire, en banlieue du Caire, où il est soigné, vers un hôpital carcéral. Le pouvoir militaire, dirigé par le ministre de la Défense de l’ancien président, le maréchal Hussein Tantaoui, veut prouver qu’il ne cherche pas à préserver M.Moubarak, dans l’espoir que son procès désamorce les critiques. Mais les familles des victimes estiment que le procès a été hâtif et son issue peut poser un dilemme aux généraux. Si M. Moubarak est reconnu coupable, ses avocats ainsi que des experts jugent qu’il a des motifs sérieux de faire appel. Mais à l’inverse, un acquittement pourrait relancer un mouvement massif de protestation contre l’armée.