Il y a un an éclatait la révolte tunisienne Mohamed Bouazizi, un nom sur la révolution du jasmin

Il y a un an éclatait la révolte tunisienne Mohamed Bouazizi, un nom sur la révolution du jasmin

Il y a une année jour pour jour, Mohamed Bouazizi, 26 ans, mettait fin à sa vie par la plus étrange des manières : Sur la voie publique, il s’immole par le feu. Vendeur ambulant de fruits et légumes, il était né à Sidi Bouzid, petite ville de 40.000 âmes.

Il n’a connu sa vie durant qu’un seul règne, celui de Ben Ali, puisqu’il était né trois années avant l’arrivée aux affaires de celui-ci. Mais il mourut deux semaines plus tard, succombant ainsi à ses blessures, soit le 4 janvier 2011, bien sûr dans l’ignorance totale que son acte désespéré allait avoir pour conséquence de déclencher un processus révolutionnaire inédit qui devait faire tomber le président Ben Ali et par la suite nourrir une réaction en chaîne qui allait traverser de proche en proche le Maghreb puis le Moyen-Orient arabe. L’élément déclencheur de cette tentative de suicide à laquelle la population va assister en ce 17 décembre 2010, a été la confiscation par les agents municipaux de sa charrette et de sa balance. Ayant réclamé la restitution de son stock auprès des services concernés, outre qu’il aurait reçu une gifle de la part d’un agent, il a eu droit à une somme d’insultes. La réponse de Mohamed Bouazizi ne se fait pas attendre, profondément atteint dans sa dignité il s’immole donc par le feu devant le siège du gouvernorat. Le président Ben Ali reçoit sa mère et sa sœur le 28 décembre et limoge le gouverneur de Sidi Bouzid ainsi que les agents municipaux mis en cause. Au cours de la même journée il se rend au chevet du jeune homme. Mais il est déjà trop tard. Des sites web soutiennent que la gifle a été inventée dans le but de susciter une mobilisation plus importante des jeunes. « En fait, on a tout inventé moins d’une heure après sa mort. On a dit qu’il était diplômé chômeur pour toucher ce public, alors qu’il n’avait que le bac et travaillait comme marchand quatre-saisons. Pour faire bouger ceux qui ne sont pas éduqués, on a inventé la claque de Fayda Hamdi. Ici, c’est une région rurale et traditionnelle, ça choque les gens. Et de toute façon, la police, ici c’est comme aux Etats-Unis, elle s’attaque aux plus faibles» lit-on dans un site web. La suite on la connaît, les manifestants de Sidi Bouzid font tache d’huile. En dépit de la répression, le mouvement s’étend très rapidement aux autres villes du pays.



Les syndicats ne sont pas en reste, ils relaient les appels à la protesta et bientôt celle-ci s’empare de Tunis. D’autres immolations sont enregistrées alors qu’au même moment des manifestations d’une ampleur sans précédent, se propagent dans le centre et le sud-ouest du pays. C’est la révolution. Le 14 janvier 2011 Ben Ali s’enfuit en Arabie saoudite où il s’est réfugié depuis. Le nom de Mohammed Bouazizi désormais devient l’emblème de la révolution, à la suite de la municipalité de Tunis qui annonce, le 17 février 2011 son intention de rebaptiser au nom de ce martyr, l’avenue du 7-Novembre (qui symbolise la date de prise de pouvoir de Ben Ali), c’est au tour de la Poste tunisienne d’émettre un timbre-poste à son effigie. Les Français à leur tour, se disant vouloir rendre hommage au peuple tunisien, ont donné à une place du 14e arrondissement de Paris le nom de « place Mohamed-Bouazizi » une stèle commémorative devant y suivre. De même le Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous où Bouazizi est mort devait prendre le nom de celui-ci.

Par : Larbi Grain