Il y a le ciel, le soleil et la mer…

Il y a le ciel, le soleil et la mer…

Hors des grandes vacances, c’est le grand rush vers la grande bleue. C’est une évidence niaise. Les plages, criques, et autres calanques sont prises d’assaut par les estivants. A défaut de tourisme d’élite, comme savaient offrir autrefois certains complexes cotés, le tourisme de masse prend place pour répondre un tant soit peu à la demande des juilletistes et aoûtiens qui manquent de moyens de se payer un voyage hors frontières. Hormis quelques structures hôtelières labellisées aux X étoiles, les complexes touristiques, comme Matares et le Club Cet, ou les Andalouses, fleuron autrefois du tourisme national ont fini par être indigents. Le camping-car n’est pas le propre de l’Algérien, comme cela se pratique sous d’autres cieux, alors que le camping dédié à la masse dans certains site forestiers surplombant la mer, semble avoir perdu de son ‘’aura’’. Même les colonies de vacances organisées à une certaine époque par les directions du social relevant des organismes publics n’ont plus droit de cité. Alors que certaines bourses s’offrent les moyens d’aller décompresser chez le pays voisin de l’est, des familles dont la besace demeure maigre, peinent à meubler leurs vacances et le temps libre de leur progéniture. Histoire de se soustraire à la monotonie qui pèse telle une chape de plomb en ces grandes chaleurs d’été chargées de moiteur, celles-ci se contentent des sites balnéaires de ‘’chez nous’’ pour permettre quelque trempette à leurs bambins et se rafraichir le long d’une côte littorale qui fourmille de monde, notamment les gens des coins enclavés du pays. Si pour certains, il n’est pas aisé de dénicher quelque coin de farniente et de détente, les plus chanceux, en revanche, ceux-là mêmes qui disposent de carrosse, ont cette latitude de s’y ‘’pavaner’’ dans une crique isolée, ‘’mais avec ce sentiment d’insécurité qui plane alentour’’, lance un parent flanqué de ses enfants, en quête d’un endroit quiet et sécurisé. Ceux dont la besace demeure maigre emmènent leur marmaille par bus dans les sites les plus proches de leurs pénates. A l’image des plages El Kettani et Rmila, situés dans le quartier populeux qu’est Bab El Oued. Faisant l’objet de réaménagement dans le cadre du plan stratégique d’Alger, ce site est envahi tôt le matin par la classe plébéienne. Pelles excavatrices et autres engins de terrassement s’affairent aux travaux d’aménagement du site, au moment où des parents surveillent leur progéniture en train de barboter dans les bassins endigués par un enrochement. Il en est de même à Qaa Essour, réceptacle des eaux usées ou à l’Eden, deux plages ‘’conquises’’ par des galopins venus pour se rafraichir, pendant que la gent féminine se contente de contempler l’horizon bleu.

Un autre envers du décor est planté ailleurs. De la plage El Qadous ou de la Marsa vers l’est de la wilaya d’Alger jusqu’aux criques de la côte turquoise, qui tirent vers l’ouest, les commodités inhérentes à la détente sont quasi inexistantes. Ce ne serait pas peu dire aussi que la propreté des lieux laisse à désirer et les ‘’mekassine’’ ne semblent point s’embarrasser des décisions prises par les pouvoirs publics relatives à la gratuité des plages. Ils n’en ont cure de braver la circulaire, en faisant main basse sur des pans entier de plages, obligeant les estivants à leur refiler la thune, soit pour le parking, soit pour y planter son parasol. C’est ce qu’a affirmé, en tout cas, le chef d’état-major du groupement d’Alger de la Gendarmerie nationale, Mokhtar Zeroual, lors d’une conférence de presse. «Les gendarmes affectés dans 29 des 70 plages ouvertes à la baignade dans la capitale, jouent au chat et à la souris avec les jeunes qui cherchent à louer des accessoires (parasols, tables, chaises…)», relève-t-il. En fait, ces jeunes ne se contentent pas de louer des accessoires. Ils forcent chaque estivant à «payer» sa place. Ce qui fait que les plages deviennent payantes. Lorsque les gendarmes sont là, ces jeunes disparaissent, mais quand les Tuniques vertes se déplacent, les racketteurs reviennent à la charge, un peu comme les vendeurs à la sauvette, explique l’officier. Au point où, apprend-on, des loueurs de parasols sur une plage à Jijel ont saccagé, il y a quelques jours, une STEP, en signe de réponse à l’intervention des services de sécurité qui les ont chassés du site manu militari .

Farouk Torki .