Il y a 90 ans, les inondations du 27 novembre 1927, 300 MORTS : Mostaganem est-elle préparée à une telle catastrophe ?

Il y a 90 ans, les inondations du 27 novembre 1927, 300 MORTS : Mostaganem est-elle préparée à une telle catastrophe ?

Il y a de cela plus de 90 ans, la ville de Mostaganem, dans la nuit du 27 novembre 1927, une crue subite de l’Oued Ain Sefra avait failli emporter presque la moitié de la ville. Bilan : plus de 300 morts

Cette nuit, la place que l’on appelait Gambetta à l’époque coloniale, le square, les arbres, et les nombreuses maisons environnantes et la partie comprise de la ville entre l’avenue de 1ère ligne « Abdellaoui Abed » et le quartier Matemore connaitront le même sort, pour finalement être emportés avec le vieux quartier de Souika El Tahtania Tijditt.  Des paquets d’eaux submergeront les maisons et feront de nombreuses victimes, les trombes d’eau étaient d’une force exceptionnelle, et c’est le quartier de Souika Tahtania comme on l’appelle, qui a été touché de plein fouet endeuillant de nombreuses familles mostaganémoises. Evoquer cette nuit, c’est remonter le passé pour rappel de ces victimes qui ont péri cette nuit là, aussi faut-il que l’on revienne sur une date des plus douloureuse et à ce drame qui a touché la population de ce quartier arabe, contrairement à la ville Européenne qui subira elle aussi de grands dégâts, mais ne connaîtra pas l’effet de dévastation comme le vieux quartier de Souika.  Selon les témoignages laissés pour la postérité, l’oued était sorti de son lit suite à des pluies torrentielles, qui s’abattirent, sur la ville et où l’Oued d’Ain Sefra, prit d’une frénésie dantesque, gonfla, s’amplifia, se métamorphosa.et détruisit la moitié de la ville et l’on rapporte  qu’il tua le quart des habitants du vieux quartier de Tijditt. Cette nuit, fut des plus terrifiante, pour les habitants de Souika Tahtania, puisqu’ils ont été les plus touchés, et dont les effets du drame subit les avait  traumatisés et dont les séquelles demeureront des années après le drame du fait du nombre de victimes enregistrées et dont le nombre dépassait de loin les 300. Le drame de cette nuit restera gravé dans les mémoires des survivants et inscrit dans l’ère du temps voire dans les annales de Mostaganem. Cette tragédie a touché de nombreuses familles connues et certains vestiges en témoignent, tels que l’ancien Moulin en ruine qui fait face au mausolée de Sidi Allel El ksouri. Selon le journal local d’Ain Sefra, du 30 novembre 1927, qui avait relaté en détail la catastrophe qui s’était abattue sur la ville, et qui avait titré à la une « Une trombe d’eau sur notre cité, Mostaganem en deuil », la ville faillit disparaître, et ce du jour au lendemain et toujours selon ce qui a été rapporté par les habitants qui ont vécu le cauchemar : « ce fut, une nuit noire à couper au couteau avec une absence totale de l’électricité, raconteront-ils plus tard, l’on entendit cette nuit le hurlement des chiens  hurler à la mort et qui déchiraient le silence pesant, ajoutant à la terreur lancinante déjà présente. Chacun était terré chez soit, à l’écoute de cette  tempête qui grondait, avec  l’eau qui inondait les maisons et ses habitants, certains dormaient du sommeil du juste, et ne se réveilleront plus jamais et feront partis des victimes. Les habitants se débattaient dans cette nuit noire, et dans cette eau qui les envahissait les maisons de  partout, et ne pouvaient rien faire contre elles,  se rendant à l’évidence macabre et silencieuse, car personne ne pouvait  les aider ou  les secourir, ils étaient livrés à eux même,  pris au piège  chacun se débattait pour s’en sortir, assaillis de partout par les trombes d’eaux qui continuaient à se déversaient telles des vagues , impuissants et sans secours, criant, sans qu’ils ne trouvent une main secourable malgré leurs cris déchirants  qui se perdaient dans le néant et dans les ténèbres qui les enveloppaient du fait que  personne ne pouvait les entendre, leurs  voix étaient sans effet, diluées dans les rafales de vents et des fortes pluies qui tombaient sans discontinuer. Les gens cette nuit se sont crus au jugement dernier, car l’eau source de vie était devenue l’alliée de la mort, elle montera de  trois mètres,  et avait commencé par attaquer les quartiers des Européens balayant sur son passage des  immeubles entiers en emportant les maisons sur son passage terminant sa course à la mer. Ceux qui fuyaient, sentaient sous leurs pieds le sol se dérober, les maisons s’effondraient et  ceux qui avaient échappé à une mort certaine, se mirent à la recherche d’un refuge de fortune, qu’ils ne trouvèrent pas.  Nul ne savait dans quelle direction était le salut, ni ce qu’il devait faire pour échapper à l’apocalypse, pour enfin émerger du cauchemar qu’il était entrain de vivre, cherchant à échapper à la  mort qui était à chaque coin de ruelle.  Les familles s’étaient résignées à cette déferlante qui venait de les frapper  convaincues que c’était la fin pour eux. Après que les pluies aient cessé et au lendemain de cette tragédie les dégâts étaient considérables  et  le spectacle qui s’offrait à eux était apocalyptique. Dans cette tragédie les habitants avaient tout perdu en une seule nuit endeuillant des centaines de familles, Passer cette nuit cauchemardesque, l’on pouvait alors assister à la douleur devant une telle désolation,  et des familles étaient à la recherche de survivants mais en vain.

Avons-nous tiré des leçons de cette catastrophe ? 

Cette nuit Mostaganem faillit être complètement rayée de la carte, comme elle l’avait été des siècles auparavant, lorsqu’elle fut engloutie dans les eaux salées de la mer méditerranée, lors d’un tremblement de terre sans pareil et sans suite. L’oued Ain Sefra, était un oued tranquille et majestueux, mais son  calme trompeur a failli en une nuit noire, sourde et apocalyptique emporter une partie de la ville et de ses habitants.  Après cette catastrophe des travaux furent entrepris, pour éviter de nouvelles inondations, son lit sera alors creusé pour éviter d’autres inondations et la place Gambetta sera remplacée par trois ponts.  Aujourd’hui, quand on va à sa redécouverte, on a l’impression qu’il est là à ruminer sa colère d’être prisonnier du béton l’empêchant de respirer, ce qui nous incite aujourd’hui à revoir sa conception avant qu’il ne recommence, du fait que depuis des années il n’a pas fait l’objet de curage et son obstruction par les ordures qui ne cessent de s’accumuler, peut être encore fatale à la ville. Cette tragédie, devrait nous inciter à revoir sa conception car la fureur de la nature, est imprévisible du fait de sa puissance et 1927 est là,  pour nous le rappeler. Nous devons en tirer les leçons, pour se demander si nous ne serons pas un jour confronté, à une telle catastrophe et que pour une fois l’on prenne acte même de cette tragédie de 1927, qui est encore dans les mémoires des mostaganémois.

Riad