Les Algériens fêtent, cette année, le 61ème anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale. La Révolution de novembre 1954, qui a permis au peuple Algérien de se prendre en charge pour se libérer du joug colonial, a été le fruit de plusieurs années de combat politique.
Du PPA (Parti du peuple algérien) au MTLD (Manifeste pour le triomphe des libertés démocratiques) à l’OS (Organisation spéciale), ces structures donneront naissance au FLN. Ce sont, en effet, des générations entières de militants de la liberté qui ont consenti le sacrifice suprême pour que s’émancipe la Nation Algérienne.
Il y a 61 ans donc, jour pour jour, heure pour heure, des postes de police et des casernes militaires de l’armée coloniale ont été la cible des premières balles de moudjahidine qui avaient décidé que la liberté ne pouvait s’arracher que par l’action armée.
Ces actions simultanées menées dans plusieurs régions d’Algérie se voulaient un acte solennel concocté par neuf militants du PPA/MTLD qui en avaient assez des palabres fratricides entre Messalistes et Centralistes et qui ont fait de l’Unité et de l’Action leur crédo.
Mohammed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Didouche Mourad et Krim Belkacem, suivis quelques temps plus tard par Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Ahmed Ben Bella, aigris par leur expérience au sein de l’Organisation Spéciale (OS), avaient décidé de créer le Comité Révolutionnaire pour l’Unité et l’Action (CRUA) avec un seul objectif ; l’indépendance de l’Algérie. Le 10 octobre 1954 les membres du CRUA fixent la date de l’insurrection au lundi 1er novembre 1954.
Le CRUA devait tout naturellement donner naissance à la glorieuse Révolution menée par un Front de Libération Nationale (FLN) dont l’action et les objectifs ne souffraient d’aucune ambiguïté (lire « l’appel au peuple Algérien » dans la proclamation du 1er novembre 1954).
Les neuf chefs historiques de la glorieuse Révolution étaient convaincus que seule l’action armée pourrait arracher la libération de l’Algérie du joug colonial, notamment en revisitant les différentes étapes de la colonisation française de 1830 jusqu’aux massacres de mai 1945. Il fallait en finir une bonne fois pour toutes avec les spoliations, les humiliations et les massacres perpétrés tout au long de ces 120 années de colonialisme.
Quand l’armée française a débarqué en Algérie en 1830, il fallait massacrer le maximum de personnes pour imposer la soumission à toute la population. Il fallait spolier les autochtones de toutes leurs terres pour s’approprier les richesses et les redistribuer aux colons. La résistance farouche du peuple algérien sera écrasée au prix fort.
L’implication des Algériens dans l’action politique au début du 20ème siècle revendiquant des conditions sociales décentes aux autochtones, et l’indépendance pour certains durera quelques décennies jusqu’à la sanglante répression de mai 1945 qui a fait prendre conscience aux militants nationalistes que l’action politique n’est pas à même d’apporter la liberté.
La création de l’Organisation Spéciale deux années plus tard donnera le la à l’action armée, mais les déchirures entre Messalistes et Centralistes au sein du PPA/MTLD ont retardé cette échéance. Mais pas pour longtemps.
Le premier novembre 1954 a été choisi par les neuf chefs historiques comme date solennelle qui restera dans les mémoires et dans l’histoire. 58 ans plus tard, l’Algérie les célèbre. L’Algérie honore leur mémoire. Un seul est toujours en vie, Hocine Aït Ahmed et c’est le dernier des chefs historiques.
Incontestablement, l’idéal de Novembre a nourri des générations entières d’Algériens pendant et après la Guerre de libération nationale. Il a même inspiré de nombreux peuples frères et amis d’Afrique et d’Asie. Les objectifs de la Révolution ont-ils été atteints ? La réponse est oui. C’est incontestable !
Mais au-delà de l’Indépendance et du recouvrement de la souveraineté nationale, la dignité de l’Algérie doit maintenant être le prolongement de la dignité des citoyens qui, aujourd’hui, sont en majorité des jeunes. Cette catégorie de la population est en attente d’une reconnaissance. Cela s’avère une étape nécessaire pour que son génie s’exprime pleinement et pour qu’elle participe à la construction de l’Algérie de demain.