Il y a 29 ans : l’espoir de l’Algérie Mohamed Boudiaf assassiné

Il y a 29 ans : l’espoir de l’Algérie Mohamed Boudiaf assassiné

Il y a exactement 29 ans jour pour jour, un certain lundi 29 juin 1992 le peuple algérien avait été foudroyé, par un attentat spectaculaire perpétré en direct sur la chaîne de télévision nationale, contre un homme qui était le symbole de l’espoir, pour le peuple Algérien, Si Tayeb El Watani (Mohamed Boudiaf).

Ce jour-là, Boudiaf avait été lâchement assassiné d’une rafale dans le dos, et 29 ans après, le nom de ce militant de la cause nationale est resté oublié par les officiels, mais dans le cœur de tous les Algériens.

Une perte, qui, 29 ans plus tard, continue de marquer les Algériens, qui voyaient en Mohamed Boudiaf, la réponse à leurs aspirations, celles de voir un jour une Algérie prospère, moderne et ouverte sur le monde.

Les années passent, les raisons qui ont motivé cet assassinat politique le plus important dans l’histoire du pays – et qui a marqué dans l’inconscient collectif le début de la guerre civile qui durera une décennie – restent obscures.

L’espoir assassiné

«Quand on regarde ces pays avancés, avec quoi ils nous ont devancés ? Avec la science ! L’islam…», C’est la dernière phrase prononcée par le défunt Mohamed Boudiaf.

Ces propos sont restés gravés dans la mémoire collective des Algériens, consternés par le meurtre d’un symbole de la Révolution algérienne et d’un « messie » de la démocratie et de la lutte contre la corruption.

Boudiaf fut l’un des acteurs historiques de l’indépendance de l’Algérie, cofondateur du FLN. Il fut ministre d’État dans le premier gouvernement provisoire du 19 septembre 1958 au 22 juillet 1962.

Si Tayeb El Watani fut nommé président du Haut Comité de l’État le 16 janvier 1992, juste après que le président Chadli Bendjdid soit acculé à la démission par les militaires.

Porteur d’espoir pour tous les Algériens, Boudiaf l’honnête, le sincère, l’incorruptible a été lâchement assassiné, le 29 juin 1992 à Annaba.

Mohamed Boudiaf est l’allégorie de tous les espoirs algériens. De figure historique oubliée de la mémoire, il réussit en 5 mois à devenir le symbole de la démocratie algérienne. On retient de lui son combat contre l’extrémisme d’une part et contre la corruption de l’Etat d’autre part. Ce qui lui valut la mort, c’est sans doute une incorruptible volonté de construire une Algérie meilleure sans prendre en compte les oppositions du régime en place.

Petit retour sur la vie d’un Homme d’État

Né le 23 juin 1919 à M’sila, Mohamed Boudiaf est issu d’une famille modeste. Après des études dans sa ville natale, il exerce dans l’administration dans plusieurs localités des Hauts Plateaux et s’engage très tôt dans le mouvement national dont il ne tarde pas à devenir l’un des dirigeants. Tour à tour, responsable du Parti du peuple algérien (PPA) et de l’Organisation secrète (OS) dans les wilayas de l’Est, il participe activement à la préparation du déclenchement de la Révolution.

Il crée en 1954 avec d’autres militants le CRUA (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action). Il est détenteur à l’issue de la réunion des 22, sur les hauteurs d’Alger, de la carte n°1 du Front de libération nationale (FLN) et est chargé de la coordination de la Révolution.

Deux années plus tard, le 22 octobre 1956, il est arrêté en même temps que ses quatre compagnons, Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Mostefa Lacheraf, à l’issue de l’arraisonnement de l’avion qui les menait du Maroc à Tunis où devait se tenir une conférence des Etats maghrébins. En 1958, il est nommé ministre d’Etat, vice-président dans le premier et le deuxième Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).

En 1962, il participe à la session du Conseil national de la Révolution algérienne qu’il quitte pour désaccord. Il crée, en septembre 1962, le Parti de la révolution socialiste (PRS) et son journal, El Djarida. Il est arrêté en 1963 puis relâché. Il s’installe alors au Maroc, à Kénitra.

Il maintient le contact avec le pays qu’il refuse de rejoindre après l’instauration de la démocratie en 1989, estimant qu’elle n’était pas initiée sur des bases saines. Après la démission du Président Chadli Bendjedid le 11 janvier 1992, il répond à l’appel qui lui est lancé pour contribuer à sauver la paix civile et à instaurer l’autorité de l’Etat et préside le Haut Comité d’Etat institué le 4 janvier 1992.

Il rejoint le pays le 16 janvier 1992 et prête serment avec les membres du HCE le même jour. M. Mohamed Boudiaf est l’auteur de deux ouvrages : Où va l’Algérie ? (1964) et La Préparation du 1er Novembre 1954 (1976).