Il y a 21 ans, deux criminels mettaient fin à la vie d’un des plus brillants journalistes de la presse Algérienne. Said Mekbel, directeur de la publication du journal Le Matin a été assassiné, ce jour-là, le 03 décembre 1994, de deux balles dans la tête.
Ce même jour où il publie une de ses meilleures chroniques. Celle-là même que la presse qualifiera de prémonitoire et qui fera le tour de la presse mondiale le lendemain de son assassinat.
A sa mémoire on republie le dernier billet par Mesmar J’ha.
Ce voleur qui…
Ce voleur qui, dans la nuit, rase les murs pour rentrer chez lui, c’est lui.
Ce père qui recommande à ses enfant…s de ne pas dire dehors le méchant métier qu’il fait, c’est lui.
Ce mauvais citoyen qui traîne au palais de justice, attendant de passer devant les juges, c’est lui.
Cet individu, pris dans une rafle de quartier et qu’un coup de crosse propulse au fond du camion, c’est lui.
C’est lui qui, le matin, quitte sa maison sans être sûr d’arriver à son travail. Et lui qui quitte, le soir son travail sans être sûr d’arriver à sa maison.
Ce vagabond qui ne sait plus chez qui passer la nuit, c’est lui.
C’est lui qu’on menace dans les secrets d’un cabinet officiel, le témoin qui doit ravaler ce qu’il sait, ce citoyen nu et désemparé…
Cet homme qui fait le vœu de ne pas mourir égorgé, c’est lui.
Ce cadavre sur lequel on recoud une tête décapitée, c’est lui.
C’est lui qui ne sait rien faire de ses mains, rien d’autres que ses mains, rien d’autres que ses petits écrits.
Lui qui espère contre tout parce que, n’est-ce pas, les roses poussent bien sur les tas de fumier.
Lui qui est tout ceux-là et qui est seulement journaliste.