Il a tenu, à travers cet ouvrage, à réhabiliter deux figures du Mouvement national, à savoir Bennaï Ouali et Amar Ould-Hamouda, sans oublier les autres militants, tels que Rachid Ali-Yahia, Ali Laïmèche, M’barek Aït Menguellet…
C’est un regard et un témoignage complètement différents et, surtout, décomplexés, que Me Ali-Yahia Abdennour apporte sur la crise qui a secoué le Mouvement national algérien durant les années 40. Les incidences de la crise anti-berbériste de 1949 ont façonné une démarche politique qui allait ouvrir la voie à toutes sortes de manipulations et de déni. Ses instruments : l’invective et la liquidation physique. Une malédiction dont le pays ne s’est pas débarrassé même après l’Indépendance.
L’auteur de l’essai a été, hier, l’invité des éditions Barzakh à Alger pour présenter cet ouvrage. D’emblée, Ali-Yahia plonge l’assistance dans les années 30 et 40, avec la naissance de l’Association des Oulémas et ses prises de positions quant à la question nationale. L’invité de Barzakh Éditions se rappelle de tous les personnages et de tous les événements qui ont procédé puis succédé à la purge opérée dans les rangs des militants de l’amazighité.
Son livre, La crise berbère de 1949, portrait de deux militants : Bennaï Ouali et Amar Ould-Hamouda. Quelle identité pour l’Algérie ? est aussi un hommage à ces précurseurs. Il a tenu, à travers cet ouvrage, à réhabiliter deux figures du Mouvement national, à savoir Bennaï Ouali et Amar Ould-Hamouda, sans oublier les autres militants, tels que Rachid Ali-Yahia, Ali Laïmèche, M’barek Aït Menguellet, etc. Me Ali-Yahia raconte dans le détail la crise anti-berbériste de 1949. “La crise anti-berbériste de 1949, qui a privé les Algériens de leur algérianité, avait pour objectif de détruire l’attachement viscéral du peuple algérien à ses racines”, écrit l’auteur. “Elle a été provoquée par une falsification de l’histoire par la direction du PPA-MTLD qui a écrit dans un mémorandum d’une cinquantaine de pages adressé à l’ONU, fin 1948, que l’Algérie est une nation arabe et musulmane depuis des siècles.” Pour Me Ali-Yahia, “ce mémorandum demandé par Messali refuse de donner à l’existence de l’Algérie une origine plus lointaine que l’occupation arabe qui remonte au VIIe siècle”.
Il précise que ce choix est dicté à Messali à la suite de son séjour au Moyen-Orient, particulièrement en Égypte. Omnipotence oblige. L’Égypte et son influence sur les choix idéologiques et identitaires de l’Algérie vont être relevés durant et après la guerre de Libération. Ali-Yahia Abdennour explique que le mémorandum envoyé par le PPA-MTLD à l’ONU, où il a été fait abstraction de la période antéislamique dans l’histoire de l’Algérie, est le point culminant de la crise, même si elle a pris racine bien avant le mémorandum. Il retrace les événements et analyse les incidences. En Kabylie, la réaction ne s’est pas fait attendre, souligne Me Ali-Yahia, d’où, a-t-il dit, l’engagement des militants, notamment de Bennaï Ouali, responsable du parti dans la région, “à faire des activités de proximité pour rétablir auprès de la population la notion de l’Algérie algérienne”. Ce travail sera assuré par un groupe de lycéens au nombre de sept, se souvient encore Ali-Yahia.
Dès lors que la direction du parti s’est empêtrée dans un déni qui a amputé le pays de son référent historique, identitaire et linguistique qui est l’amazighité, les militants de cette cause subiront les affres d’un Messali obnubilé par son envie de perdurer sur le trône du PPA-MTLD. Hocine Lahouel, proche de Messali, n’hésitera pas à s’attaquer aux militants de Kabylie et, plus particulièrement, à Bennaï et Ould-Hamouda. Abdennour Ali-Yahia analyse aussi l’apport de Chakib Arslan et Azzam Pacha qui, de l’avis de l’auteur, “revendiquent un empire arabo-islamique allant de l’Atlantique au Pacifique”.
Quand Ali-Yahia parle de la crise de 1949, c’est un regard qu’il porte sur la question identitaire actuelle et fait des projections sur l’avenir. Il a précisé que sur le plan politique, “les mêmes procédés du colonialisme ont été réédités par les pouvoirs successifs après l’Indépendance”. Ironie de l’histoire ?
M M