Il vient de sortir son 9e album : « Zoom» de Rachid Taha

Il vient de sortir son 9e album : « Zoom» de Rachid Taha

Dans son nouvel album, Rachid Taha s’offre un zoom. Sur sa carrière. Sur sa vie. Sur ses racines et sur cette France où ses parents ont choisi les frimas alsaciens, loin des chaleurs algériennes. C’était il y a quarante-cinq ans, et Rachid était encore un petit garçon.

Cette introduction nous la retrouvons un peu partout dès que l’on évoque le nom de Rachid Taha. Ce dernier est de retour dans les bacs pour son 9e album solo. Encore une histoire de rock aux influences « maghrébines ».



Rachid Taha, constant avec lui-même, aime répéter à celui qui veut l’entendre que «ce n’est pas le fait de vieillir qui me fait lorgner dans le rétroviseur. J’ai toujours agi comme cela. Tout au long de mon parcours, je me suis replongé en arrière pour mieux aller de l’avant.

C’est mon seul permis de conduire, car je préfère me conduire que de conduire», balance-t-il, goguenard. Parce qu’il est passé de l’enfance à l’exil ? «C’est plus l’exil qui me rappelle l’enfance. Le mien est heureux, il me fait voyager, me renforce d’année en année. Ce n’est pas un retour, mais un recours aux racines.» Fidèle à sa devise : «Je ne changerai pas de route à cause de mon nom et je ne changerai pas de nom à cause de ma route.» Certains de ses morceaux, par exemple Barra Barra, ont enflammé les révoltes des printemps arabes qui «ont semé une graine mais donné de mauvaises herbes». «C’est un printemps sans fleur, sans rose», se désole-t-il, en allumant une énième cigarette. «Ma réponse à ce fascisme vert, c’est un festival de rock arabe que j’organise à Paris en septembre avec des groupes que je suis allé chercher en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak, en Libye, au Pakistan, en Afghanistan et au Maghreb. Ce sera mon printemps à moi.» Sur le site « Afriquinfos » nous retrouvons une belle présentation du nouvel album au titre photographique « Zoom » . Pourquoi ce nom ? « Pourquoi pas ? » répondra t-il sûrement.

Sur « Zoom », Rachid Taha reste fidèle à ses principes musicaux, tout en trouvant les voies et moyens pour rendre hommage à celle qui l’a inspiré dans le monde musical, la célèbre Oum Kaltoum. Comme depuis deux décennies, la musique de Rachid reste colorée par des influences européennes et des USA. Justin Adams et Brian Eno sont les célèbres principaux nouveaux venus dans l’univers de la composition du Kabyle.

Sur « Zoom », le public habituel ou occasionnel de Rachid Taha voyage sur des notes légères mais aussi presque graves. Surtout quand l’auteur-compositeur s’attarde sur un mal qui ronge depuis des décennies la France : le racisme. La reprise de son célèbre morceau « Voilà voilà » en est une parfaite illustration. « Zoom » porte l’estampille de la maison de production « Naïve».

Figure de proue du raï international, Taha fait aussi de la techno music, le chaâbi (en vogue dans le monde arabe) et le punk. C’est en 1998 que ce chanteur d’origine algérienne va jeter les bases d’une plus grande renommée en produisant l’opus « Diwân » qui recense plusieurs chansons chaâbi interprétées par divers artistes. La même année, il propose à son public une autre production discographique : « 1, 2, 3 Soleils » sur lequel on retrouvera les célébrissimes « Ya Rayah » et « AbdelKader ». « Voilà voilà le Best of » paru en 2011 fait également partie de la discographie du grand Rachid.

Le parcours musical de cet Algérien franchira un pallier supplémentaire en 2004 avec « Tékitoi », un opus qui proposera une nouvelle mouture du « Rock the Casbah » du groupe « The Clash » (un des premiers groupes occidentaux à avoir assimilé le reggae). Voilà qui est tout dit sur Rachid Taha, maintenant, il reste à l’écouter car la musique « ça parle, mais ça s’écoute beaucoup plus ». Tout simplement un dialogue en groupe où en solo.

Par Manil Samir